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LE MOUVEMENT ITALIEN
A
NAPLES DE 1830 A 1865
DANS LA LITTERATURE ET DANS L'ENSEIGNEMENT

Dans un pays divisé, le lendemain d’une révolution, voulez-vous savoir à quel parti est l’avenir, demandez de quel côté est l’intelligence, car c’est elle après tout qui cède le moins à l’éblouissement des grandes fortunes ou à l’abattement des grands désastres. Dans les jours de calme, elle prépare et conduit les événemens ; dans les jours d’orage, elle les combat, les repousse ou les ramène : tôt ou tard elle les fait rentrer dans son chemin. Or l’intelligence à Naples est pour l’unité italienne. Elle ne l’est pas d’hier, et ce n’est point l’aventure miraculeuse de Garibaldi qui l’a subitement convertie ; ces hardis coups de main peuvent réussir, mais le succès ne dure qu’une heure quand un sérieux mouvement d’opinion ne les a pas précédés et commandés. Lorsque le héros populaire entra dans Naples avec « ses jeunes vétérans, » il n’y trouva pas seulement une foule aveugle, enthousiaste, tourbillonnant autour de lui comme la poussière soulevée par les chars de triomphe ; il y était attendu, appelé même par une patiente évolution d’esprits éclairés et convaincus, qui voulaient une patrie forte et un roi national.

Cette sorte d’avant-garde militante avait préparé depuis longtemps l’œuvre décisive que venait d’accomplir une vaillante épée ; elle l’avait préparée par un puissant épanouissement de toutes les forces intellectuelles qui conquièrent et gouvernent un pays, car les aptitudes et les facultés les plus contraires se développent d’ordinaire ensemble dans l’esprit des Napolitains. Cette population est