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années, est désormais le guide indispensable de tous ceux qui désirent connaître les régions de la Plata.

I.

À 150 kilomètres à peine des plages et des falaises de l’Océan Pacifique se prolonge du nord au sud le plateau neigeux des Andes, qui, sur une distance de plus de 2,000 kilomètres, sépare l’étroite zone du Chili des vastes étendues appartenant à la république argentine. Au-dessus du plateau se dresse l’une des plus remarquables rangées de colosses de la terre entière. La plus grande cime, l’Aconcagua, qui est probablement aussi le sommet le plus élevé de tout le Nouveau -Monde, n’a pas moins de 6992 mètres d’altitude, et les cols voisins échancrent la crête à 3 ou 4,000 mètres de hauteur moyenne. L’énorme chaîne se dresse presque immédiatement au-dessus des plaines orientales ; les contre -forts latéraux s’abaissent rapidement de degrés en degrés en formant de courtes vallées alpestres. Seulement au nord, quelques chaînes parallèles, — la sierra de Famatina, la sierra de la Rioja et les cordillères qui rayonnent autour du nœud central (clavillo) de l’Aconquija pour se rattacher au grand massif méridional de la Bolivie, — élargissent de plusieurs degrés la zone des Andes argentines et dressent çà et là leurs plus hautes cimes et leurs plateaux dans la région des neiges éternelles. Des montagnes dignes de ce nom ne s’élèvent dans aucune autre partie du territoire argentin, si ce n’est dans les provinces de Cordova et de San-Luis, occupant le centre même de la république ; là s’élève un massif de hauteurs très important par ses richesses minérales, ses vallées arrosées et sa position intermédiaire entre l’estuaire de la Plata et les Andes chiliennes.

Les pluies qui tombent sur le versant oriental des Cordillères sont très peu abondantes au sud de la sierra d’Aconquija. C’est à l’ouest de cette haute chaîne que commence la région des averses tropicales ; toutefois les rivières et les fleuves qui prennent leurs sources dans le massif d’Aconquija ou dans les montagnes voisines et traversent les plaines dans la direction du Paraguay et du Parana ne peuvent se comparer, pour la masse des eaux, aux puissans tributaires du fleuve des Amazones. Le Pilcomayo, le Vermejo, le Salado, finissent par atteindre la grande artère fluviale du système de la Plata, mais non sans avoir perdu en route une grande partie de leurs eaux par suite de l’évaporation dans les lagunes et les marécages. Plus au sud, le Rio-Dulce, descendu des hauts sommets de l’Aconquija, va se perdre dans une lagune salée à une assez grande distance à l’ouest