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Chagos, que les sondages démontrent avoir été jadis l’un des atolls les plus vastes de l’océan des Indes.

Grâce aux témoignages que fournissent les récifs de corail, et que d’autres indices complètent d’ailleurs sur un grand nombre de points, il est possible maintenant de fixer d’une manière assez précise les limites de chacune des aires d’oscillation qui se partagent l’hémisphère compris entre les côtes de l’Amérique du Sud et celles de l’Afrique. Tandis que le groupe des Sandwich se soulève comme s’il obéissait encore aux forces qui font grandir le continent américain, on voit s’enfoncer peu à peu les archipels du bassin central de la Mer du Sud, les Iles Basses et celles de la Société, les rangées de Gilbert et de Marshall, les Carolines ; en un mot toute cette « voie lactée » d’îles, d’îlots et de récifs, qui s’étend diagonalement à travers le Pacifique, sur une longueur de plus de 13,000 et une largeur moyenne de 2,000 kilomètres. Ce sont les débris d’un ancien continent qui s’enfonce avec les populations qu’il portait autrefois. Depuis que les premiers navigateurs européens ont visité ces parages, plusieurs îles ont déjà disparu, et d’autres, telles que le Whitsunday, ont considérablement diminué d’étendue.

Parallèlement à cette grande aire de dépression, deux fois et demie plus vaste que l’Europe, se renfle une énorme vague de soulèvement qui coïncide avec le demi-cercle de volcans entourant à l’ouest le bassin de la Mer du Sud. La Nouvelle-Zélande, située à l’extrémité méridionale de ce renflement qui repose sur un long sillon de feu, s’exhausse d’une manière assez considérable pour que les colons anglais, arrivés depuis quelques années à peine, aient pu voir les promontoires grandir et les bancs de rochers obstruer graduellement l’entrée des ports. Au commencement de l’époque actuelle, les montagnes de la Nouvelle-Zélande étaient plus basses de 1,500 mètres au moins, et les icebergs d’un continent disparu venaient avec leur chargement de blocs erratiques échouer sur les. îlots naissans ; mais depuis lors les alpes néo-zélandaises se sont élevées à dix reprises successives, ainsi que le prouvent les dix terrasses étagées sur leurs flancs. De nos jours, elles grandissent encore. Depuis dix ans, les plages de Lytleton se sont élevées d’un mètre. Les Nouvelles-Hébrides, les îles Salomon, les côtes septentrionales et occidentales de la Nouvelle-Guinée, les terres nombreuses qui forment le grand archipel de la Sonde et que leur faune tout asiatique prouve avoir fait naguère partie du continent voisin, croissent aussi après s’être affaissées, et des bancs de coraux émergés s’ajoutent Sans cesse aux rivages.

À l’angle du continent d’Asie, la vague d’élévation se bifurque pour entourer la mer de Chiné, que bordent les côtes graduellement