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lement de casser le minerai qui sort des couches d’argile sous la forme de nodules plus ou moins aplaties. Elles le réduisent en morceaux à peu près de la grosseur d’un œuf. Ce minerai concassé est alors soumis à un procédé qu’on appelle roasting, et qui consiste le plus souvent à construire avec des couches alternatives de charbon de terre et de minerai une sorte de hutte recouverte d’un toit incliné. On met alors le feu au fit de houille qui forme la base de l’édifice; ce feu se communique bientôt à toute la masse, qu’on laisse brûler ainsi durant cinq ou six jours. Durant cette épreuve, le minerai a changé de couleur et perdu de son poids en se dégageant du gaz acide carbonique, du soufre et des autres matières inflammables qu’il pouvait contenir. Ce fer rôti qu’on laisse refroidir est maintenant prêt à être fondu. C’est la seconde opération et peut-être la plus intéressante. Sur la large terrasse que commande la galerie s’ouvrent de distance en distance des espèces de fosses à l’orifice parfaitement circulaire et surmonté d’un pavillon avec des portes de fer. Ces puits de feu sont les bouches des fournaises, furnaces. Quand on ouvre l’une des portes, il s’en échappe des éclairs et des rugissemens d’incendie. Que ces flammes se mêlant et s’entrelaçant les unes dans les autres rappellent bien la sombre vision du buisson ardent ! Des hommes qui ont sans doute trouvé le secret de se rendre incombustibles courent avec insouciance sur cette plate-forme à travers les langues de feu que darde le sommet des cheminées. Pour nous faire une idée de la construction des fournaises qui jouent un si grand rôle dans le traitement du fer, il faut d’ailleurs nous transporter sur un autre théâtre, c’est-à-dire descendre la colline de Cyfarthfa et pénétrer dans les cours basses qui forment le premier plan de l’usine.

L’histoire des progrès de la métallurgie se rattache d’assez près aux améliorations qui se sont succédé de siècle en siècle dans la forme et l’énergie mécanique des fourneaux. Ceux qu’avaient construits les Romains dans la Grande-Bretagne étaient d’une structure basse et conique. Plus tard on éleva la maçonnerie de la fournaise et on y introduisit deux soufflets qui travaillaient alternativement à chasser et à activer l’air dans l’intérieur. Lorsque l’industrie métallurgique eut substitué l’emploi du charbon de terre à celui du charbon de bois, il fallut accroître la pression du courant d’air; c’est alors qu’on eut recours à des machines plus puissantes que les soufflets. On remplaça ces derniers par des cylindres de fonte appelés blowing cylinders (cylindres soufflans), parce qu’agissant tour à tour, ils soufflaient en effet une assez vaste quantité d’air dans la cheminée, cold blast furnace. Cette découverte remonte à 1760 et fut appliquée pour la première fois dans une fonderie de