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compose de deux étages, dont l’un est de plain-pied avec la vallée et dont l’autre atteint le sommet du monticule avec lequel il se confond, appuyés qu’ils sont en quelque sorte l’un sur l’autre. C’est vers la galerie supérieure qu’arrive le minerai de fer, descendant des collines voisines dans de petits chariots d’une forme bizarre, qui semblent se mouvoir par eux-mêmes. La mine est à quelque distance dans les montagnes. Un premier fait a lieu d’étonner, c’est l’association presque constante du minerai de fer argileux (clay iron-stone) avec le charbon de terre. Ces deux minéraux sont dans le pays de Galles le Castor et le Pollux du règne souterrain. N’y a-t-il pas là un vaste champ de réflexions pour ceux qui croient aux causes finales? Ces grands dépôts de fer argileux enveloppés dans les plis des bassins houillers, la connexion du métal avec le combustible qui doit le réduire et aussi avec le calcaire grossier qui facilite l’action du feu, tout cela semble en effet dicté par une prévoyance de la nature. On aime à supposer que dans ses lentes combinaisons du passé, alors qu’elle construisait par une série de créations et de destructions la croûte solide de notre globe terrestre, elle avait en vue l’homme, l’industrie, le bien-être des sociétés. Telle est du moins l’idée qui a saisi quelques géologues anglais; mais alors comment se fait-il que ces indications fournies par le gisement, ce lien de parenté entre le métal et le combustible, aient échappé pendant des siècles à l’esprit des fondeurs de fer? Ces deux minéraux sont cependant bien du même âge; leur acte de naissance est signé en quelque sorte par les mêmes fossiles. On a trouvé dans les nodules de fer des coquilles, des plantes tout à fait semblables à celles qui se rencontrent dans les couches schisteuses des mines de houille. Ce sont des végétaux appartenant surtout à l’ancienne famille des fougères, tels que la neuropteris. La flore fossile, d’accord avec l’ensemble des faits, ne saurait laisser aucun doute sur une communauté d’origine dont devait profiter un jour l’industrie. Toutes les grandes fonderies possèdent à la fois des mines de charbon et des mines de fer; elles consument une partie du combustible dans leurs fournaises pour dompter le métal, et envoient l’autre sur le marché.

Le minerai de fer est reçu dans une grande galerie aux arches voûtées qui s’ouvrent sur une terrasse. Le style de l’architecture est des plus grossiers, mais il ne manque point de caractère. Dans les renfoncemens des pleins-cintres massifs qui courbent de distance en distance la forte muraille opposée à la terrasse, je vis des jeunes filles, pour la plupart Irlandaises, qui, assises ou pour mieux dire accroupies sur la pierre, prenaient leur repas en silence. C’était l’heure du déjeuner. La tâche de ces jeunes ouvrières est principa-