quets, et entrecoupées parfois de pièces d’eau. Au premier coup d’œil, ils plaisent beaucoup à cause du contraste qu’ils présentent avec les maisons enfumées et les pavés boueux de l’immense capitale ; mais ce gazon si vert, si anglais, sans aucune de ces fleurs et de ces plantes qui ornent nos prairies, finit bientôt par paraître monotone. Les pelouses, couvertes d’enfans déguenillés et de moutons qui broutent (car en Angleterre l’utilité ne perd jamais ses droits), sont parfois battues comme une grande route et peu agréables à parcourir. Les pièces d’eau sont mal entretenues, et les barrières souvent en mauvais état. Enfin les arbres sont trop rares, une partie d’entre eux sont déjà morts, et si on ne se hâte de les remplacer, il est à craindre qu’il n’en reste bientôt plus.
Malgré les éloges que mérite l’administration du bois de Boulogne, il est bien des points encore cependant qu’on doit signaler à sa sollicitude, et notamment les collections d’arbres d’Amérique dont la création est due à Michaux. Naturaliste comme son père, Michaux parcourut comme lui les régions inexplorées du Nouveau-Monde, et publia à son retour une Histoire des arbres forestiers d’Amérique, ouvrage trop peu connu en France, mais qui jouit aux États-Unis, où il est devenu classique, d’une réputation méritée. Désireux d’acclimater chez nous quelques-unes des précieuses essences qu’il avait rencontrées, il rapporta de son voyage une grande quantité de graines. On en sema une partie dans un coin du bois de Boulogne, aux environs de la mare d’Auteuil. Créées en 1824, ces collections ont subsisté jusqu’à ce jour, et ont prouvé que la plupart de ces essences pourraient parfaitement vivre dans nos climats. On y rencontre en effet, dans un état de végétation remarquable, plus de vingt espèces de chênes, autant de noyers, quarante de frênes, vingt-cinq d’érables, cinquante de résineux, des variétés nombreuses de châtaigniers, de bouleaux, d’ormes et d’acacias, formant en tout trois cent trente espèces ou variétés inconnues jusqu’ici en France, et qu’on aurait tout intérêt à y propager. Une partie de ces collections a été emportée par les fortifications ; une autre, celle qui renferme les chênes et les noyers, a été livrée au public. On y remarque les quercus palustris, bicolor, ferruginea, rubra, alba, tinctoria, phellos, etc. Dans le surplus, entouré d’une clôture et non accessible aux promeneurs, les résineux dominent : on y trouve des araucarias, des thuyas, des cèdres, des pins-laricios, Weymouth, etc. ; on y voit aussi des tulipiers, un érable jaspé, dont l’écorce ressemble à la peau d’un serpent, greffé sur un érable commun, un chêne-liège et une espèce particulière de hêtre connue sous le nom de fan de Saint-Basle, qui est encore pour les physiologistes un phénomène inexplicable. Cet arbre, qu’on rencontre seulement dans un canton de la forêt de Verzy (Marne), affecte les formes les plus bizarres : il a les feuilles et les fruits du hêtre ordinaire, mais son tronc, au lieu de s’élever verticalement, est replié sur lui-même dans tous les sens ; ses branches sont étalées, contournées à droite et à