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latif, qui aura, dit-on, force besogne. Il est fâcheux que nous ne soyons point comme les Anglais à la veille d’une élection générale : la plupart des élections partielles profitent, comme on vient de le voir encore par celle de M. Bethmont, à l’opposition. Le mouvement est commencé, une grande élection ne manquerait point d’être pour la France l’occasion d’une puissante manifestation libérale. e. forcade.



ESSAIS ET NOTICES.

LES PLANTATIONS DE PARIS.

Les plantations urbaines ont pris depuis quelque temps, dans la plupart de nos grandes villes, mais surtout à Paris, un développement extraordinaire. Il y a moins d’un demi-siècle, la campagne s’étendait jusqu’aux boulevards intérieurs, et de nombreux jardins, espaçant les maisons, empêchaient une excessive agglomération. La hausse des terrains recula les limites de la ville jusqu’aux fortifications, et fit peu à peu disparaître les jardins particuliers, sur l’emplacement desquels des rues nouvelles alignèrent leur double rangée de maisons. Quand le mètre carré de superficie vaut un millier de francs, conserver quelques arpens de terrain plantés d’arbres est un luxe qui touche presque à la folie, et si quelques-uns se le permettent encore, on peut être certain que leurs héritiers ne suivront pas leur exemple. Cette situation a créé à la ville un devoir nouveau, celui de donner aux habitans l’ombre et la fraîcheur qu’ils ne peuvent plus attendre que d’elle, et c’est pour ce motif que les plantations figurent au premier rang des travaux qu’elle a récemment entrepris sur une si grande échelle.

Ce n’est cependant pas d’aujourd’hui que datent les embellisseraens de Paris, et il ne faudrait pas prendre tout à fait au mot ceux qui prétendent que jusqu’ici cette ville était presque inhabitable. Les précédentes administrations, responsables devant le pays, jalouses de leur popularité, s’étaient sans doute montrées peu favorables aux dépenses de luxe, mais on ne saurait les accuser d’avoir reculé devant les travaux réellement utiles. Si elles avaient hésité à terminer le Louvre et à reconstruire l’Opéra, elles avaient jeté des ponts, construit des quais, creusé des égouts, toutes choses que les monumens qu’on élève aujourd’hui ne sauraient faire oublier. Elles n’avaient pas non plus négligé les plantations, et quoiqu’elles y aient procédé petit à petit et sans plan d’ensemble, elles n’en avaient pas moins