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REVUE DES DEUX MONDES.


III. — VERONICA.


Bouquets de saules, nids blottis
Dans la grande herbe,
Sources où les myosotis
Poussent en gerbe,

Bois de la ferme aux bleus lointains.
Futaie en pente
D’où l’on entend soirs et matins
Le coq qui chante,

Vignes, colline au doux contour,
Heureuses places.
Frais chemins qui de mon amour
Gardez les traces,

Prés où le narcisse est mêlé
Aux graminées,
Forêts d’où je suis exilé
Pour des années,

Ah ! quand aux nouvelles saisons
La bien-aimée
Effleurera de vos gazons
L’herbe charmée,

Quand à l’ombre des rameaux verts
Vous verrez luire
Ses lèvres roses, ses yeux clairs,
Son clair sourire,

Faites pousser toutes vos fleurs
Sur son passage.
Envoyez toutes vos senteurs
Vers son visage.

Gouttes d’eau, perles qu’aux matins
Le vent secoue,
Roulez sur ses cheveux châtains
Et sur sa joue ;

Cytises dorés, vers son front
Courbez vos branches ;
Dans l’herbe où ses pieds marcheront
Naissez, pervenches.