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d’apprentis. Pour 1,283 ouvriers, on n’a recensé que trois enfans, employés comme ouvriers auxiliaires à raison de 1 franc par jour. Les boyautiers, qui occupent 125 hommes et 119 femmes, n’ont qu’une apprentie unique. Les mégissiers, pour 612 ouvriers, n’emploient que 23 enfans, dont 8 ouvriers auxiliaires et 15 apprentis. Un manœuvre entre dans une tannerie ou une boyauderie en sa qualité d’homme de peine, et se fait ouvrier peu à peu en voyant faire les autres. Au contraire, pour les drayeurs, l’apprentissage est réglé de la façon suivante : l’apprenti donne en entrant 400 francs pour un an; il gagne sur-le-champ un salaire, qui est de 1 franc 50 centimes par jour pendant trois mois, de 2 francs pendant les trois mois qui suivent, et de 2 francs 50 centimes pendant les six derniers mois. Il en résulte, en comptant vingt-cinq jours par mois et peu de chômage, qu’il donne 400 francs par an et en reçoit 637; mais ce dernier chiffre est exagéré, car personne ne travaille trois cents jours dans un an. L’apprenti a donc travaillé toute l’année pour moins de 237 francs. Avec cela, il ne sait pas complètement son métier, car il y a presque autant de métiers que d’ateliers. Rien que dans le corps d’état des corroyeurs, on distingue les ouvriers de couteau et de table, les metteurs au vent et à l’huile, les dégraisseurs, estampeurs débrides, cambreurs, cambruriers, chauffeurs, etc. L’ouvrier qui n’a travaillé que le mouton pendant son année d’apprentissage ne peut entrer dans une maison où l’on travaille la chèvre sans verser de nouveau 400 fr. et faire un second apprentissage aux mêmes conditions que le premier. La durée de l’apprentissage dans l’ébénisterie varie de deux à quatre ans, et l’on comprendra cet écart, si l’on songe aux énormes différences de la fabrication dans cette partie. Dans les grandes maisons, on apprend véritablement son état, et c’est un état avantageux pour un bon ouvrier. Dans les maisons où l’on fabrique la pacotille, l’apprenti ne fait que coller ou assembler des parties de meubles fournies toutes taillées par la mécanique, et il y gagne tout au plus un peu d’adresse. Les enfans employés dans les papiers peints sont plutôt des ouvriers auxiliaires que des apprentis; leur travail est différent de celui de l’ouvrier, et ne les exerce pas à devenir ouvriers plus tard. C’est en partie pour cela, et en partie à cause de l’influence délétère des produits chimiques, que le recrutement des enfans est très difficile dans ces ateliers, quoiqu’ils touchent un salaire en entrant. Au contraire, l’apprentissage se fait régulièrement dans la gravure sur bois pour papier peint, industrie très différente, quoique voisine. La mise en couleur des planches gravées constitue dans le même groupe un état particulier, plus avantageux que celui de graveur. Les ouvriers de cette catégorie refusent de faire des