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garanties acquises aux billets en circulation permettent de réaliser sur l’encaisse : en effet, la confiance qu’ils obtiennent en maintient un certain nombre d’une manière permanente sur le marché. Les banques de circulation utilisent une partie du trésor que les banques de dépôt gardaient tout entier : elles emploient l’or et l’argent d’une manière productive en les remettant contre des engagemens souscrits ou des billets escomptés, ce qui modifie la nature du fonds destiné à pourvoir au remboursement de billets à vue et au porteur. Cette espèce d’artifice financier a besoin, pour réussir, d’effets à courte échéance, destinés à procurer un paiement réel, qui est le résultat d’opérations commerciales sérieuses. Alors l’échange permanent des billets contre le numéraire se trouve assuré par le renouvellement échelonné de l’encaisse. On peut, de cette manière, féconder une fraction du capital engagé dans le mécanisme de la circulation en l’échangeant contre des denrées, des marchandises ou des instrumens de travail; mais la somme ainsi épargnée ne sera jamais que l’équivalent d’une portion du capital métallique, qui ne constitue lui-même chez les peuples riches qu’une portion restreinte de l’avoir général.

En Angleterre, le maximum des billets en circulation pour les trois royaumes s’est tenu au-dessous de 40 millions de livres sterling en 1853, et le minimum est presque descendu à 32 millions en 1859. La moyenne est de 900 millions de francs, dont environ la moitié est représentée par une réserve métallique. L’économie sur le métal précieux qui aurait dû être affecté à la circulation, si chaque billet avait une garantie correspondante en espèces, ne s’élève donc pas à 20 millions de livres sterling (500 millions de francs), c’est-à-dire au quatre centième du chiffre auquel on évalue la richesse de l’Angleterre. C’est une épargne de 500 millions; en admettant qu’elle rapporte À pour 100 d’intérêt, elle donne un bénéfice annuel de 20 millions qui ne correspond qu’à un millième des 20 milliards auxquels monte chaque année la production britannique. Des chiffres analogues conduisent à un résultat pareil en France. Le Pactole qui roule les billets de banque se réduit donc à un mince filet d’eau. Pourrait-on l’accroître de beaucoup? Il est permis d’en douter : la circulation n’a besoin que d’une certaine quotité de moyens d’échange. Quand le métal surabonde, il ne tarde pas à rétablir l’équilibre en s’écoulant sur les marchés du dehors; quand le papier dépasse les besoins, il ne profite pas du même déversoir, il vient s’échanger contre le métal, qui obéit à une loi aussi certaine, aussi rigoureuse que la loi d’équilibre des fluides.

Il est facile de saisir les conséquences de ce fait. La solidité de la garantie offerte en échange de l’émission des billets ne suffit point: elle se rencontre au plus haut degré dans le sol; cependant, à l’ex-