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pour toutes les banques départementales, 86 millions ; elle s’élevait à peu près à 269 millions pour la Banque de France. Le chiffre total n’était donc pour tout le pays que de 355 millions, pas la moitié de celui qui se maintient aujourd’hui sans difficulté sérieuse. La moyenne du portefeuille était, dans la même année, de 219, 696, 000 fr. pour la Banque de France et ses succursales, et de 77, 235, 900 fr. pour les banques départementales, avec un total général de 296, 931, 900 fr. ; le montant total des escomptes accomplis d’environ 2 milliards 1/2, dont les banques départementales apportaient 772 millions pour leur contingent. Le tout a plus que doublé maintenant ; les succursales de la Banque ont, à elles seules, escompté au-delà de 3 milliards 233 millions en 1863, et le chiffre total a dépassé celui de 5 milliards 688 millions ; il s’est élevé à 6 milliards 550 millions en 1864. La banque unique s’est largement acquittée de la fonction qui lui a été dévolue pour toute la surface du territoire : elle a fidèlement réalisé les prévisions de M. Adolphe d’Eichtal, qui, après avoir mis en lumière les embarras créés et les fautes commises par les banques départementales, disait le 22 février 1848 : « La banque unique, que produit-elle comme banque de circulation ? Bien loin de concentrer les ressources, elle et un moyen d’égale division, d’égale répartition des capitaux ; elle les prend là où ils sont inutiles, à ses frais et risques ; elle les porte là où ils sont utiles, où ils manquent. »

Tel est l’heureux résultat contre lequel on voudrait réagir aujourd’hui, tel est le fécond principe contre lequel on entreprend une campagne téméraire. La Banque de France, dit-on, fait payer ce service bien cher ; elle gagne trop d’argent en maintenant l’escompte à trop haut prix. — Un fait curieux est à mentionner d’abord : en 1846, la banque de Lyon, une de ces banques départementales dont on prétend exalter le mérite, a procuré à ses actionnaires un produit de 244 francs sur des titres de 1, 000 francs émis peu d’années auparavant. Nous sommes loin de lui en faire un reproche, pourvu que ce bénéfice n’ait pas été acquis au prix de la sécurité nécessaire des opérations. Si nous citons cet exemple, c’est uniquement pour ne point revenir sur une triste espèce d’argumens, les argumens de jalousie, qu’on voudrait ne pas rencontrer dans un débat sérieux. Il faut qu’une banque soit prospère pour que son crédit s’étende, pour que la solidité de ses opérations résiste à la violence des crises ; le gain qu’elle fait correspond aux services qu’elle rend ; la puissance de son crédit profite au commerce et à la facilité des transactions. — Non, répondent ceux qui condamnent l’élévation du taux de l’escompte, c’est parce que la Banque a pressuré le commerce qu’elle a grossi le chiffre du dividende ! Ils semblent croire et ils enseignent