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entamé à ce sujet des pourparlers avec le gouvernement anglais. La république américaine doit se rassurer de ce côté. Elle fera mieux de mettre dès à présent à l’étude la question de savoir comment les états du sud seront reconstitués quand la sécession avouera sa défaite. Ce problème a occupé l’autre jour à New-York, devant un immense auditoire, l’orateur populaire le plus éloquent des États-Unis, M. Wendell Phillips. La reconstruction, tel est le nom que M. Wendell Phillips donne à l’œuvre qu’il s’agit de commencer même avant l’heure de la dernière victoire et de la paix. M. Wendell Phillips demande la reconstruction au nom des idées abolitionistes les plus radicales. Il ne veut pas seulement que les noirs, esclaves du sud, soient émancipés, il veut qu’ils soient investis de tous les droits politiques qui appartiennent aux citoyens américains. Que disait-on que la question de l’esclavage n’était point la vraie cause de ce terrible conflit ? Si des deux côtés on a cherché en effet à la dissimuler au début de la lutte, la solution de cette question apparaît inévitablement comme attachée au dénouaient. On parle au sud de donner des armes aux noirs ; on parle au nord de leur donner les droits politiques. La guerre accomplit ainsi son œuvre impérieuse, et l’émancipation complète des noirs sera le premier mot de la paix.

Le bruit que fait l’encyclique refoule pour le moment l’Italie émancipée dans le silence. On peut reconnaître encore le bon sens politique italien au calme qui règne dans la péninsule malgré l’agitation morale que la cour de Rome vient de déchaîner à travers le monde. Le gouvernement et le parlement italien, après avoir eu leur grande campagne politique dans la discussion de la convention du 15 septembre, se consacrent maintenant à une campagne d’affaires. Nous n’avions pas douté que M. Sella, en montrant à l’Italie ses besoins financiers dans leur sincère réalité, n’obtînt du pays les efforts et les ressources réclamés par la situation. L’avance de l’impôt foncier a été faite avec un patriotique empressement ; un emprunt de 150 millions garanti par les biens domaniaux et remboursable en peu d’années a été conclu avec une puissante compagnie anglaise. La situation financière est assurée, les préparatifs de la translation de la capitale se poursuivent avec calme, et l’Italie n’a plus qu’à attendre paisiblement l’échéance à laquelle doit s’accomplir l’exécution de la convention du 15 septembre. e. forcade.


V. DE MARS.