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autorisé à rechercher à travers le style les influences d’esprit et d’âme que cette femme distinguée a pu avoir sur tout un côté de notre société vivante.

Ces exercices raffinés ne sont malheureusement point de notre compétence : après les souhaits de bonne année, il faut retourner aux affaires. Les affaires, pour le moment, ce sont les nouvelles attributions données au conseil privé, la question religieuse résultant de la publication de l’encyclique, la situation financière exposée dans le rapport de M. Fould, l’enquête qui vient d’être décrétée sur les causes des crises commerciales.

Nous avions fait allusion, il y a deux mois, aux projets qui étaient étudiés dans les hautes régions du pouvoir à propos du conseil privé ; nous laissions voir dès lors que nous n’attachions point une grande importance au résultat de cette étude. C’est la nature des affaires elles-mêmes, et la force des choses qui déterminent les attributions des ministres agissant dans leurs départemens respectifs ou délibérant en conseil. Il n’y a point d’affaires qui puissent être amenées par une filière administrative naturelle et logique à un conseil qui serait distinct du conseil des ministres et qui lui serait supérieur. Si l’on avait eu l’idée, afin de donner au conseil privé, un emploi actif et continu, de lui envoyer comme en dernier ressort les affaires qui sont de la compétence ministérielle, on n’eût fait que créer un rouage inutile qui eût affaibli, en la divisant et en la ralentissant, l’action gouvernementale. Quelque désir que l’on eût pu avoir de donner de l’occupation et du relief au conseil privé, il était impossible qu’on s’arrêtât à une pareille idée. Nous croyons qu’une autre pensée avait été un moment prise en considération. Certains membres du conseil privé qui ne sont point ministres auraient désiré, assure-t-on, que l’accès du conseil des ministres leur fût ouvert. Ces membres du conseil privé eussent été dans cette combinaison de véritables ministres sans portefeuille, des ministres non pour l’action, mais pour la délibération. Avec ce système, on serait retombé dans des inconvéniens analogues à ceux que présentait un conseil privé faisant double emploi avec un conseil des ministres. Les membres du conseil privé qui n’ont point de portefeuille aujourd’hui ont été ministres autrefois et ont contracté une sorte de vocation particulière pour les fonctions qu’ils ont déjà exercées. On ne saurait faire par exemple que M. Walewski, ancien ministre des affaires étrangères, ne s’applique de préférence à la politique extérieure, que M. Magne n’ait point une inclination prononcée pour les questions financières, que M. de Persigny ne se préoccupe pas avant tout de la direction à donner à la politique intérieure. MM. Walewski, Magne et de Persigny entrant au conseilles des ministres y seraient donc en quelque sorte des doublures des ministres des affaires étrangères, des finances, de l’intérieur, aujourd’hui en exercice. Il y aurait là un mauvais partage de responsabilité morale, des chocs, des conflits probables, et en fin de compte des obstacles gratuitement créés à la bonne expédition des affaires. Nous ne sommes donc point surpris que la seconde idée n’ait