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LES DERNIERS JOURS
DE
LA THÉOLOGIE PAÏENNE


PROCLUS ET SON DIEU.

Procli philosophi platonici opera inedita, etc. 2e édition, par M. V. Cousin.


Tous ceux qui sont allés à Rome ont contemplé dans l’original même et ceux qui n’ont pas visité le Vatican ont admiré dans des copies peintes ou gravées le magnifique tableau où Raphaël a représenté l’École d’Athènes. Là, le Sanzio a peint, groupé, fait revivre, chacun avec son caractère, — presque avec son visage, tantôt retrouvé dans les monumens antiques, tantôt deviné par un puissant instinct, — les maîtres de la pensée grecque, Socrate, Platon, Aristote, et autour d’eux ceux qui les avaient préparés, et ceux qui plus ou moins fidèlement les suivirent. Si l’artiste avait voulu être complet, et si son art n’eût pas eu de limites, il aurait placé au bas de son tableau, sur les derniers degrés du temple, deux groupes encore. Le premier nous eût montré le chef des néoplatoniciens, l’enthousiaste Plotin, plongé dans les ravissemens de l’extase, entre Ænésidème et les mages indiens, c’est-dire entre le scepticisme, qui dégoûte les âmes de la raison, et le mysticisme, qui attire, pour l’annihiler, la raison lasse d’elle-même. Plus bas encore, le second groupe eût réuni les philosophes de la dernière école d’Athènes. Entre eux et Plotin, on eût vu le Syrien Jamblique évoquant par sa puissance théurgique deux génies, Éros et Antéros, devenus vi-