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LA
NATIONALITE SERBE
D'APRES LES CHANTS POPULAIRES

Vouk Stéphanovitch Karadjitch, Poésies nationales, Proverbes et Contes populaires serbes.

L’insurrection des Serbes contre la domination ottomane au commencement de notre siècle et la création de la principauté de Serbie (Sèrbia) en turc Sirp), qui en a été la conséquence, ont appelé l’attention de l’Occident sur l’une des populations les plus importantes de la péninsule orientale. La fraction de la race slave qui porte le nom de Slaves du sud-est n’a pas, si l’on excepte les Russes (les Croates ne sont qu’un million d’individus), de représentant plus digne d’être étudié que la nation serbe, qui occupe la principauté, la Tsàrnagora (Monténégro), la Bosnie, l’Hertzégovine, quelques districts de la Bulgarie et de l’Albanie septentrionale, la Métobie (ancienne Serbie), la Slavonie, la Dalmatie, une partie de l’Istrie, et qui s’étend dans quelques autres provinces de l’Autriche (Batchka, Sirmie et Banat). Malheureusement la légitime curiosité qu’inspirent ces six millions d’hommes ne trouve dans les documens historiques que peu d’occasions de se satisfaire. Quelques chroniques monastiques, des biographies de princes renommés par leur dévotion, telles sont les principales ressources offertes à qui veut se rendre compte de l’histoire des Serbes avant la guerre de l’indépendance. Si les Serbes ont été peu habiles à conserver par des procédés méthodiques le souvenir de leurs grands hommes, ils ont néanmoins trouvé dans leur génie poétique un infaillible moyen