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veau de faire acte d’autorité morale et de résolution, de reprendre enfin le programme qu’il avait semblé s’approprier à son origine, le programme d’une politique largement libérale pratiquée par des conservateurs intelligens. Ce n’est pas seulement sa grande et efficace ressource pour résoudre les sérieuses difficultés de toute sorte qui lui ont été léguées, c’est sa force unique contre toutes les influences irrégulières, et c’est aussi le seul moyen qu’il ait de servir la reine elle-même. S’il ne fait pas cela, il pourra vivre encore, c’est bien possible ; mais il ne sera qu’un ministère de plus parmi tous les ministères qui encombrent l’histoire de l’Espagne nouvelle, et qui ont passé sans lui donner ni la liberté, ni la sécurité, ni même la prospérité matérielle, qui est l’œuvre de tout le monde, excepté du gouvernement. ch. de mazade.



ESSAIS ET NOTICES.

LES LIVRES DE SCIENCE POPULAIRE EN 1864.


Parmi ces publications qu’on voit se multiplier chaque année à la fin de décembre, la préférence acquise aux livres de science populaire[1] n’est-elle pas un des signes du temps, pour employer l’expression admise ? On ne saurait en tout cas nier que, depuis une dizaine d’années, tout le monde, petits ou grands, n’ait senti le besoin de s’initier aux applications, devenues si nombreuses, de la science. Les feuilles quotidiennes ont fait une place chaque jour plus grande aux vulgarisateurs ; la science s’est parée pour être accessible à la foule. Dans les livres, le dessin est venu heureusement en aide au récit, et si chacun des prêtres improvisés de la nouvelle religion n’a pas fait preuve de toutes les qualités requises pour prêcher sûrement la doctrine, il n’est pas moins résulté de tout ce mouvement une diffusion, une excitation salutaire, dont les effets se font aujourd’hui sentir. Le niveau de l’éducation scientifique commune s’est élevé ; le ciel et la terre ont dévoilé à des lecteurs émus une partie de leurs mystérieuses beautés, et la science n’est plus restée inaccessible aux profanes, comme ces temples de l’ancienne Égypte où les prêtres seuls pénétraient en secret.

Le mouvement dont nous parlons était depuis longtemps préparé. Déjà, au siècle dernier, Fontenelle, Buffon, Jean-Jacques Rousseau, Bailly, Bernardin de Saint-Pierre, Franklin, pour n’en pas citer d’autres, avaient largement initié le public aux merveilles de la nature. Soit qu’ils aient étudié

  1. Le Ciel, par A. Guillemin ; 1 vol. in-8o illustré ; Hachette. — Le Monde de la Mer, par A. Frédol ; 1 vol. in-8o illustré ; Hachette ». — Histoire des Plantes, par L. Figuier ; 1 vol. in-8o, avec figures ; Hachette. — L’Air et le Monde aérien, par A. Mangin ; 1 vol. in-8o illustré ; Tours, A. Mame. — Le Monde des Insectes, par S. Henri Berthoud ; 1 vol. in-8o illustré ; Garnier frères. — La Plante, par E. Grimard ; 2 vol. in-12, avec figures ; J. Hetzel.