Au moment où l’année 1864 s’achève, il est à la fois opportun et intéressant d’examiner l’ensemble des circonstances politiques, intérieures et extérieures, au milieu desquelles la nouvelle année trouvera la France.
À l’intérieur, des faits récens, lorsqu’ils sont examinés de près et comparés, nous placent dans une situation contradictoire. D’une part, nous avons eu, sous la forme du procès des treize, un grand débat sur ce qu’on pourrait appeler la loi organique du suffrage universel, et, sous la forme d’un avertissement donné à M. de Persigny par un journal officieux, une nouvelle fin de non-recevoir opposée à cette condition essentielle, à ce postulat suprême de la liberté politique, comme diraient les philosophes, qui s’appelle la liberté de la presse. Dans la politique proprement dite, nous voyons les tendances du gouvernement se manifester par des poursuites, sans précédens depuis cinquante années, qui mettent en question et en péril la liberté électorale, et par des censures qui frappent au premier doute et au premier soupçon d’hésitation l’homme public qui s’était jusqu’à ce jour montré parmi nous l’adversaire le plus opiniâtre et le plus excentrique de la liberté de la presse. Mais que se passe-t-il ailleurs au moment où la liberté politique est traitée avec si peu de faveur par le gouvernement ? On voit éclater dans le domaine des intérêts des émotions, des luttes, des troubles, qui ne peuvent être conduits à une issue heureuse et saine tant que les garanties de la liberté politique, sous la forme du libre exercice du droit électoral et de la libre discussion, nous feront défaut. La France sort d’une crise monétaire et commerciale qui heureusement a inspiré plus de craintes qu’elle n’a fait de mal. Les causes de cette crise sont discutées avec passion ; des théoriciens ignorans ou absurdes, des praticiens intéressés s’étudient adonner le change à l’opinion et s’efforcent de rendre responsable de la crise la Banque de France, dont les prin-