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sible, le fait existant, et telle a été l’œuvre de la convention du 15 septembre. Cette convention propose à la papauté et aux intérêts catholiques dont elle est le représentant et l’organe une transaction, et c’est la seule que les circonstances rendent praticable. Que le pouvoir temporel se contente en fait, tout en maintenant ses réserves de droit, des limites où ses possessions sont aujourd’hui renfermées. Cette possession au dehors lui est garantie par l’engagement de la puissance dont il pouvait craindre les tendances envahissantes, engagement redoublé par une promesse française. Dans l’intérieur de ce domaine, ce serait à lui de maintenir son autorité. On lui en fournit les moyens financiers en le déchargeant de la portion de la dette afférente aux anciennes provinces ; on lui en laisse les moyens militaires en reconnaissant son droit à entretenir une force armée suffisante. Encore une fois, il y a là une expérience à tenter, et c’est la seule : cette expérience serait le résultat d’une transaction par laquelle pourraient s’apaiser les luttes religieuses, qui deviennent la souffrance et le danger de tods les pays catholiques. Cette expérience unique par laquelle elle peut rétablir son autonomie temporelle et rendre la paix aux âmes, est-ce à la papauté, est-ce à ses amis de la refuser et de se rejeter avec colère dans les extrémités désespérées et dans l’abîme de l’inconnu ?

Qu’on se livre tant qu’on voudra aux récriminations rétrospectives, que l’on essaie de refaire avec les ressources de l’imagination la plus ingénieuse l’histoire de l’Italie dans ces dernières années, que l’on se donne l’agrément de tracer cette histoire telle qu’elle aurait dû être et non telle qu’elle fut, que l’on se passe la fantaisie de préférer le roman à la réalité : nous abandonnons de sang-froid aux adversaires de la convention du 15 septembre ces satisfactions stériles ; mais, quand on voudra sérieusement aborder le présent et l’avenir, on ne pourra point échapper aux conclusions que nous venons de poser. Il faudra reconnaître à la convention du 15 septembre ce double caractère, qu’elle est une expérience tentée dans le domaine du possible et une offre de transaction. Nous allons voir sur qui va tomber la responsabilité du refus de la transaction et de l’expérience. Quant à nous, ce n’est pas sans une émotion profonde que nous assistons à cette lutte et que nous y prenons part. L’attitude des écrivains laïques qui composent ce que l’on appelle le parti catholique, le langage des évêques, la position prise par le pape dans l’encyclique, tout annonce que la transaction ne sera point acceptée, et que l’église ne se prêtera point avec résignation à l’expérience qui lui est proposée. Nous ne dissimulerons point l’inquiétude que nous cause cette attitude de la hiérarchie et du parti catholiques. C’est un des inconvéniens de la convention du 15 septembre qu’elle n’apporte point une solution immédiate qui détermine une situation s’imposant à tous avec la nécessité du fait accompli. Cette convention n’annonce qu’une solution ajournée à deux ans, c’est-à-dire qu’elle assigne elle-même une trop longue durée aux controverses qu’elle provoque. Nous sommes donc condamnés, pendant deux ans, à voir la lutte politique se