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211,000 ouvriers gagnant de 3 francs 25 centimes à 6 francs, — la troisième 15,000 ouvriers gagnant de 6 francs 50 cent, à 20 francs. Il faut évidemment laisser de côté la première section, composée d’apprentis, d’ouvriers auxiliaires ou ne louant qu’une partie de leur temps, d’ouvriers infirmes, etc., ainsi que la troisième section, à laquelle appartiennent les ouvriers d’élite et les contremaîtres. Ces catégories d’ouvriers reçoivent des salaires exceptionnels. Tout l’intérêt de la question se concentre sur la seconde section, qui se compose de plus de 200,000 ouvriers, avec une échelle de salaires s’élevant de 3 francs 25 centimes à 6 francs. En comparant les douze groupes qui forment cette section, on compte 53,000 ouvriers à 5 francs par jour, 44,000 à 4 francs, 35,000 à 4 francs 50 centimes et 19,000 à 6 francs. Ce sont les industries du bâtiment, de l’ameublement et des machines qui donnent les plus forts salaires. La moyenne pour cette section, qui, nous le répétons, est la seule qui puisse servir de type, est de 4 francs 51 centimes par jour.

Quant aux femmes, au nombre de 106,200, l’enquête les a également réparties entre trois sections, dont la première comprend 17,200 ouvrières gagnant de 50 centimes à 1 franc 25 centimes, la seconde 88,300 ouvrières gagnant de 1 franc 50 à 4 francs, et la troisième 700 ouvrières gagnant de 4 francs 50 centimes à 10 fr. De même que pour les hommes il faut s’en tenir à la seconde section, dans laquelle on remarque que les groupes les plus nombreux se composent des ouvrières à 2 francs (24,800) et des ouvrières à 2 francs 50 centimes (17,800). En résumé, la moyenne du salaire des femmes peut être évaluée à 2 francs 14 centimes.

Tels sont les chiffres de l’enquête sur les salaires en 1860. Comparés avec ceux de la période antérieure, ils indiquent une augmentation notable. Cette augmentation est due tout d’abord à une cause générale qui a produit son effet dans le reste de la France et en Europe, c’est-à-dire à l’accroissement de la production et de la richesse. Elle provient en outre du développement qui, depuis 1852, a été imprimé aux travaux de construction exécutés dans Paris. Cette seconde cause a eu pourtant moins d’influence qu’on ne le suppose. Les grandes opérations de voirie entreprises par l’administration municipale ont pu augmenter dans une certaine mesure le nombre des ouvriers ; mais comme les bras se sont toujours présentés en nombre suffisant au moyen de l’immigration, et que l’équilibre entre l’offre et la demande s’est constamment maintenu, il n’y a point eu là une cause principale de l’élévation des salaires : ce qui le prouverait au besoin, c’est que le mouvement de hausse s’est produit également dans des branches d’industrie qui sont