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l’eau envahit les travaux en telle quantité que les pompes sont incapables de l’assécher. D’autres fois les associés se découragent et n’ont pas la constance de pénétrer jusqu’au fond. Ils ont alors enseveli des sommes importantes sans aucun profit.

Enfin, au lieu de traiter les alluvions aurifères, on peut exploiter les filons quartzeux. Ici le procédé de l’exploitation est encore plus compliqué, et ne peut, à plus forte raison, être tenté que par des hommes familiers avec les opérations minières. Il est en outre besoin d’un matériel considérable. D’abord les fragmens de quartz sont bocardés, c’est-à-dire écrasés et réduits en poudre par des pilons d’un poids de 200 à 300 kilogrammes qu’une machine à vapeur met en mouvement ; puis cette poudre est traitée par le mercure, qui dissout l’or. Enfin l’amalgame ainsi formé est distillé dans une cornue ; le mercure s’évapore et laisse au fond de la cornue un culot d’or presque pur. Il faut creuser d’ailleurs des puits à une grande profondeur, pour suivre les filons qui s’enfoncent dans les entrailles de la terre. Les premiers mineurs qui s’adonnèrent à ce travail ont traité leurs minerais d’une façon très imparfaite, en sorte qu’on peut aujourd’hui les reprendre avec profit. Il y a néanmoins dans la méthode d’exploitation une imperfection à laquelle les améliorations de la science métallurgique n’ont pas encore pu remédier, Certains filons, connus sous le nom de mundic, contiennent des sulfures de fer, d’arsenic ou de cuivre associés avec l’or, et ces sulfures empêchent que le métal précieux ne soit dissous par le mercure. Les gangues en retiennent donc une fraction notable qui est perdue. Le même fait a été signalé en Californie, où l’on a essayé plusieurs méthodes nouvelles qui n’ont point paru suffisantes. Les ingénieurs australiens semblent croire que le seul perfectionnement efficace consisterait à faire passer le minerai sous des pilons d’un poids infiniment plus considérable. Au lieu de petites machines à vapeur de 20 à 40 chevaux de force, ils prétendent qu’il faudrait employer des machines de 200 à 500 chevaux. Jusqu’ici, la méthode habituelle a été assez productive, et les capitaux n’ont pas été assez confians pour qu’il fût possible d’installer une usine dans des conditions de cette importance.

En définitive, il n’est pas de métal dont l’extraction soit aussi simple que celle de l’or. Les hommes les moins familiers avec les procédés métallurgiques peuvent du jour au lendemain, sans apprentissage préalable, se livrer à cette industrie. Grâce au prix élevé que cette substance conserve en dépit de la production extraordinaire des quinze dernières années, il n’est pas pour ainsi dire de minerai si pauvre qui ne mérite d’être exploité. Si l’on rencontre par hasard un filon qui contienne près d’un pour cent de son poids en or, dans