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construite à Mulhouse, dans les ateliers de MM. Nicolas Schlumberger. Elle date de douze ans à peine, et déjà elle a reçu de nombreux perfectionnemens. Pour le coton, elle permet d’obtenir économiquement et avec une régularité plus grande les filés les plus fins, et en outre elle procure le moyen d’utiliser des matières de qualité inférieure, dont l’emploi était difficile avec l’ancien outillage. En ce moment surtout, où les cotons des États-Unis font défaut et où l’on est obligé de les remplacer par les cotons de l’Inde, elle offre à l’industrie des ressources inappréciables. Pour la laine, elle donne des produits supérieurs à ceux de l’ancien peignage à la main, exclusivement usité jusqu’en 1834, et à ceux des premiers procédés mécaniques, qui avaient amené déjà une baisse de prix de 50 pour 100, de même que pour le coton elle facilite l’emploi de matières moyennes et inférieures avec lesquelles on fabrique, soit directement, soit au moyen de mélanges, des tissus à bon marché, accessibles à la masse des consommateurs. Grâce à cette machine, le peignage de la laine coûte aujourd’hui moitié moins qu’il ne coûtait il y a trente ans, et cette baisse de prix est accompagnée d’une hausse sensible des salaires. Nous la signalons ici, entre tant d’autres, non-seulement parce qu’elle rend à l’industrie les plus grands services, attestés par MM. Jean Dollfus et Larsonnier dans leurs rapports sur la dernière exposition, mais encore parce qu’elle est de construction française et fait honneur à l’une des principales usines de l’Alsace. — Observons, dans des industries plus modestes et plus familières, les conséquences vraiment merveilleuses d’un perfectionnement mécanique. Il n’est personne qui n’ait remarqué l’accroissement qui s’est produit dans la fabrication des boissons gazeuses. En 1832, on en débitait à Paris environ 500,000 bouteilles ; en 1851, 5 millions. Aujourd’hui la consommation de Paria dépasse 20 millions de bouteilles, et celle de toute la France atteint 40 millions. Cet énorme développement d’une consommation qui est tout à la fois agréable et hygiénique est dû aux procédés ingénieux par lesquels on a perfectionné la fabrication des siphons. Par ces procédés, qui sont appliqués en grand dans l’usine de MM. Hermann-Lachapelle et Glover, le prix de revient du siphon est réduit à 10 centimes, et le rapporteur du jury, M. Barral, calcule que l’importance de cette industrie des eaux gazeuses en France, industrie qui est demeurée longtemps presque insignifiante, se chiffre aujourd’hui par une somme de 30 millions de francs ! — Signalons encore les machines à coudre, qui font l’objet d’un rapport très intéressant de M. Gallon. C’est aux États-Unis que ces machines se sont le plus rapidement répandues : on cite une maison américaine qui est outillée pour en fabriquer