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mandé à Florence pour donner des leçons au jeune Cosme, fils du grand-duc de Toscane. Quoiqu’on prît alors, en Italie surtout, de grands soins pour les élever dans les lettres, ces nobles élèves, on le comprend, n’accordaient qu’une partie de leur temps à l’étude ; ils voulaient beaucoup savoir en apprenant peu, et demandaient dans la science, comme le roi Ptolémée à Euclide, des routes royales et faciles. Galilée n’exigeait qu’un peu de confiance pour les conduire sans fatigue jusqu’aux applications utiles qui intéressaient leur curiosité. C’est, comme il le dit lui-même, pour de tels disciples qu’il inventa le compas de proportion, instrument oublié aujourd’hui, et qui, bien que fondé sur des principes tout différens, pourrait, d’après ses usages, être comparé à la règle à calcul. « Il permet, dit Galilée, d’éviter les longues études et d’enseigner en peu de jours ce que l’arithmétique et la géométrie ont de plus utile pour les travaux militaires ou civils ; mais il faut, ajoute-t-il, un enseignement de vive voix. L’instrument est difficile à décrire, et les détails n’en peuvent être facilement saisis par ceux qui ne l’ont pas vu fonctionner. » Nous n’essaierons pas, on le comprend, de lutter contre cette difficulté, et d’expliquer par le seul discours une invention ingénieuse, mais éclipsée depuis par tant d’autres plus brillantes. Galilée cependant y a attaché de l’importance. C’est en la réclamant contre un obscur plagiaire qu’il montra pour la première fois sa verve de pamphlétaire et la vigueur de sa dialectique. Rien n’égale la véhémence de ses reproches et des flétrissures qu’il inflige à Balthasar Capra. Le public, surabondamment éclairé, prit parti pour Galilée, et le livre de Capra, devenu tristement célèbre, fut prohibé comme diffamatoire.

Parmi les sciences accessoires qu’enseignait Galilée figurait au premier rang l’art de la fortification et de la défense des places. Galilée composa sur ce sujet un traité complet qui, récemment publié, fait honneur à son esprit sagace et lucide. Il expose très nettement les principes de cette science naissante, tels qu’ils venaient d’être établis par les ingénieurs italiens pendant la seconde moitié du XVIe siècle. La forme bastionnée, les chemins couverts, les tenailles, les cavaliers ou retranchemens extérieurs, y sont décrits avec leurs défectuosités, il est vrai ; mais les officiers sont surpris cependant de rencontrer chez Galilée, sur de telles questions, beaucoup plus de sens pratique que chez les autres prédécesseurs de Vauban.

L’invention du thermomètre date, comme celle du compas de proportion, des premières années de son séjour à Padoue. Quoique dans les œuvres imprimées de Galilée il ne soit pas question de cet instrument, on a établi très nettement ses droits de priorité. Le