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LA
SCIENCE DES RELIGIONS
SA METHODE ET SES LIMITES

I.
CONDITIONS ET PRINCIPES DE LA SCIENCE.

Le siècle présent ne s’achèvera pas sans avoir vu s’établir dans son unité une science dont les élémens sont encore dispersés, science que les siècles précédens n’ont pas connue, qui n’est pas même définie, et que, pour la première fois peut-être, nous nommons la science des religions. Les travaux qui la préparent se multiplient depuis un quart de siècle dans une proportion croissante : l’Allemagne n’est pas le seul pays qui les produise ; l’Angleterre et la France apportent aussi chaque année quelque pierre à l’édifice, et si les savans de ces deux grands pays produisent sur ces matières des œuvres moins nombreuses que ceux de l’Allemagne, ils ont en général sur ces derniers l’avantage de la prudence dans les interprétations, de la rigueur dans les méthodes et de la clarté dans les déductions. Comme la science des religions, sans faire partie de l’histoire, s’appuie souvent sur des faits historiques, une de ses premières conditions est de n’admettre les faits que s’ils ont été discutés et soumis à toutes les exigences de la critique. D’un autre côté, comme elle dépasse de beaucoup les limites de l’histoire, elle touche à des sciences nouvelles qui en sont encore à leurs commencemens, et dont elle ne peut accepter les données sans contrôle et sur la foi de