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GALILÉE
SA VIE ET SA MISSION SCIENTIFIQUE


D’APRÈS DES RECHERCHES NOUVELLES

I.


Lorsque l’extrême lenteur d’un changement dans le ciel laisse les astronomes indécis sur son existence même et sur le sens dans lequel il a lieu, ils comparent deux observations éloignées, et si le doute subsiste, on peut affirmer avec certitude que l’élément mesuré, ne subissant aucune altération régulière et permanente, est invariable, ou que peu s’en faut.

Une telle méthode appliquée à l’histoire de l’esprit humain fournirait de graves motifs de tristesse et de découragement. L’ignorance et l’aveuglement des hommes sont de tous les temps. Toujours même intolérance, mêmes illusions téméraires, mêmes préoccupations opiniâtres :

Toujours mêmes acteurs et même comédie !

Trois siècles avant notre ère, un philosophe nommé Cléanthe demandait qu’on appelât Aristarque en justice comme blasphémateur pour avoir cru la terre en mouvement et osé faire du soleil le centre immuable de l’univers. Deux mille ans plus tard, la raison humaine est restée au même point ; le vœu de Cléanthe se réalise, et Galilée à son tour est accusé de blasphème et d’impiété. Un tribunal redouté de tous condamne ses écrits, le contraint à un désaveu démenti par sa conscience, et, le jugeant indigne de la liberté dont il a abusé, il la lui ravit en partie et croit faire acte d’indulgence.