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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




31 octobre 1864.

La convention du 15 septembre donne lieu depuis un mois à une controverse qui dès le premier moment a été ridicule parce qu’elle était oiseuse, et qui est devenue profondément ennuyeuse à force d’être prolongée. L’erreur, le vice, l’absurdité de cette polémique, c’est de porter sur la pronostication des conséquences futures de la fameuse convention. On se bat dans les brouillards de l’avenir, autour de ces choses hypothétiques que dans le jargon politique de notre époque nous appelons des éventualités. Une certaine portion de la presse veut établir d’avance que la convention du 15 septembre assure la pérennité du pouvoir temporel de la papauté ; d’autres journaux s’évertuent à démontrer que l’Italie n’abdique par la convention aucune de ses aspirations vers Rome, et grâce à cet arrangement s’achemine rapidement au contraire vers la réalisation de ses vœux. Nous n’éprouvons aucun goût à nous mêler à une telle querelle, nous laissons au temps le soin de faire lui-même ses affaires ; quand le présent nous apporte un fait aussi considérable que la cessation de l’intervention française à Rome, nous ne sommes point tentés d’empiéter sur l’avenir. Il est étrange que le texte même de la convention et le commentaire significatif dont l’ont entouré les dépêches de M. Drouyn de Lhuys à M. de Sartiges et à M. de Malaret ne soient point pour certains esprits une suffisante pâture.

Nous nous en tenons, quant à nous, à ce qui est dans la convention, et cela nous paraît assez gros. Dans deux ans, le pouvoir temporel du pape ne sera plus soutenu par une force armée française ; le gouvernement français prend cet engagement, et il se coupe pour ainsi dire toute retraite en l’appuyant, avec une franchise dont nous n’avions point prévu la hardiesse, sur l’incompatibilité des principes qui président au gouvernement de la France moderne et au gouvernement temporel des papes. Voilà un fait acquis, fait clair et décisif. En retirant ses troupes de Rome au nom du prin-