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une charge moins onéreuse pour l’assistance que les soins continués pendant douze ans aux enfans abandonnés, ce sont là des résultats incontestables auxquels on ne peut qu’applaudir ; mais n’y a-t-il pas lieu de craindre que l’extension des secours ne ramène aux excès de la législation de 1792, et que l’assimilation des enfans légitimes aux enfans naturels ne constitue en fait un droit des pauvres dont la moralité et les finances publiques devraient s’alarmer comme d’un funeste précédent ? Jusqu’ici, rien n’est venu justifier de semblables appréhensions, et la modicité comme les conditions restrictives du secours n’ont pas ôté à la mesure dont il s’agit le caractère qui fait qu’on n’y a recours qu’en cas d’absolue nécessité.

Sans doute le service des enfans assistés peut à Paris même, comme dans tout le reste de l’empire, recevoir encore d’utiles améliorations. Dans l’enquête de 1860, On a en effet réclamé la répartition des dépenses intérieures entre tous les hospices, l’édiction d’une pénalité contre les auteurs des expositions abusives, la délégation plus complète à l’inspecteur en rapports directs avec les enfans de la tutelle confiée aux commissions administratives des hospices. À part ces points, dont l’utilité ne semble pas également démontrée et sur lesquels la loi seule pourrait être appelée à prononcer, tous les autres progrès désirables consisteraient en une distribution plus abondante de secours en raison du renchérissement des objets nécessaires à la vie. À Paris du moins, il n’y a pas lieu d’accuser la parcimonie de l’administration hospitalière et de l’autorité départementale : l’accroissement des allocations, la sollicitude avec laquelle chaque rapport du directeur de l’assistance publique signale les améliorations à réaliser, ne peuvent laisser aucun doute sur le sort des enfans assistés. Le régime qui leur est fait à Paris mérite donc réellement d’être présenté comme le meilleur et doit être proposé comme un modèle. Le tour lui-même, dont l’avantage a été surtout invoqué théoriquement, subsiste pour certains cas exceptionnels, et, bien qu’il soit surveillé, si des mercenaires y déposaient un enfant et s’éloignaient aussitôt, l’administration respecterait toujours la volonté qui les ferait agir. À Paris enfin, et c’est ce qu’il faut louer sans restriction, tous ces progrès successifs se sont opérés administrativement, sans parti pris ni système préconçu. Les améliorations ont été le fruit de l’expérience de chaque jour ; elles se sont faites avec discrétion, et on pourrait le dire avec mystère, dans un sujet qui ne comporte pas le grand jour, ou qui ne pourrait être mis en pleine lumière sans offenser des consciences délicates et blesser des sentimens respectables.

Un simple rapprochement résume tous les progrès : en 1640, Vincent de Paul, réunissant les dames de l’Œuvre des Enfans que