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quatre années la fermeture de 71 dépôts, tandis que de 1811 à 1833 30 seulement avaient été reconnus inutiles. Le nombre des tours ouverts de 1811 à 1833 était de 247, dont 236 remontaient à l’année 1811 ; aussi de 1834 à 1837 les conseils-généraux de trente départemens en avaient-ils déjà supprimé 67. L’inspection venait enfin de s’étendre dans vingt-trois autres départemens pour assurer l’exécution d’une mesure destinée à faire cesser la confusion qui existait entre les enfans trouvés et les enfans légitimes pauvres. Comme beaucoup de mères abusaient de la facilité des administrations charitables, et, se présentant comme nourrices, obtenaient qu’on leur confiât leurs propres enfans momentanément abandonnés, les inspecteurs avaient fait procéder au déplacement des enfans, dans l’espoir qu’un grand nombre d’entre eux seraient conservés par celles qui en prenaient soin. Cette spéculation sur l’attachement de pauvres familles à l’orphelin dont elles ont reçu la charge rappelle la naïve confiance de l’assemblée de 1790 ; mais tandis que celle-ci supposait vainement qu’il suffirait de vanter les mérites de l’adoption pour la faire pratiquer, le déplacement ordonné en 1833, nécessaire peut-être au point de vue financier, mettait habilement aux prises une affection déjà enracinée et un intérêt qui, grâce à Dieu, ne fut pas le plus fort. Dans trente et un départemens, de 1834 à 1837, sur 36,493 enfans soumis au déplacement, 16,339 furent retirés par leurs mères ou gardés par leurs nourrices. L’économie annuelle réalisée par ce moyen et par la suppression des tours était évaluée à 400,000 francs.

Sans aborder théoriquement la question du tour, mais en constatant que la statistique ne démontrait pas qu’il y eût plus d’expositions ou d’infanticides là où les tours avaient été supprimés, M. de Gasparin attribuait donc à la législation de 1811 la multiplicité des abandons, et déclarait que le défaut de surveillance dans la réception et le classement des enfans recueillis grevait les finances des départemens d’une charge intolérable. Puisque les bénéfices résultant de la vérification faite par les inspecteurs et des mesures qu’ils avaient fait adopter étaient incontestables, il fallait donc procéder peu à peu à la diminution des dépôts, à la fermeture des tours inutiles, à la surveillance des tours eux-mêmes partout où cet usage pouvait s’établir, c’est-à-dire à une sorte de constatation de l’origine des enfans déposés. Enfin, comme on ne pouvait renouveler fréquemment le déplacement des enfans mis en nourrice et en pension, le ministre proposait de remplacer par un bon système de secours accordés à domicile à la mère le secours dispendieux donné à l’hospice aux enfans. Sans retomber dans les erreurs de la législation de l’an II, une sage application de ce système devait offrir de