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genre d’alliances. Niveleurs esthétiques, radicaux politiques, les uns comme les autres ne prêtent rien pour rien ; ils sont gens à compter sur les promesses qu’on leur fait, à croire aux gages qu’on leur donne, et quand ils s’imaginent qu’on n’a plus foi en leurs oracles, qu’on se lasse de leur compagnie, qu’on croit s’être trompé, qu’on écoute leurs adversaires, en un mot qu’on ne joue plus franc jeu, ils ont l’outrecuidance de faire volte-face et d’en dire tout haut la raison.

Ce divorce, après tout, n’est pas sans avantage. Il permet de prévoir, nous l’espérons du moins, le terme du conflit que déplorent tous les’ amis sincères de nos arts du dessin, et qui, au détriment des sérieuses études, a déjà trop duré. Comment croire en effet que le pouvoir, attaqué de la sorte, abandonné des idées et des hommes dont il avait emprunté le secours, persiste longtemps encore à rester isolé des alliés naturels qu’il a dans l’autre camp ? Est-il donc si pénible de reconnaître qu’on a eu tort, surtout quand c’est au prix de concessions mutuelles que doit se rétablir la paix ? car il est bon que l’Académie le sache et s’y attende : si le pouvoir revient à elle, il lui faudra de son côté faire plus d’un pas, quel que puisse être son bon droit. C’est le propre des révolutions que, même à l’heure où se réparent leurs fautes, quand on retranche ce qu’elles ont fait de trop, il faut encore laisser survivre une partie de ce qu’elles ont fait. Sous quelle forme, par quelle adjonction, de personnes, par quel partage d’autorité, s’établira la transaction qui fondera cette paix appelée de nos vœux, et qui seule peut garantir à notre école un retour de prospérité ? Nous L’ignorons, mais nous avons pleine ; assurance que l’état présent ne peut durer.


L. VITET.