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à Echuca; Melbourne en reçoit 70 centimètres, et Sydney 124 centimètres, mais les pluies sont plus abondantes et durent moins longtemps qu’en Europe. En somme, le Climat de l’Australie méridionale est d’habitude chaud et tempéré; l’air est sec et tonique; le ciel est rarement couvert de nuages. Au printemps et à l’automne, qui sont les saisons les plus délicieuses de l’année, les jours sereins se succèdent sans intermittence, légèrement rafraîchis par une douce brise du sud. Le souffle vivifiant de la mer, l’air pur comme dans les hautes montagnes, l’éclat du soleil, tout contribue à soutenir la santé : l’homme se sent vivre avec bonheur, et il a conscience qu’il puise de la vigueur dans l’atmosphère.

Il est certain que le sol et le climat de cette contrée sont merveilleusement propres au développement de la vie organique, végétale ou animale. Dépourvue d’arbres à fruit, privée des animaux domestiques qui sont la première richesse de l’homme civilisé, elle s’approprie avec une admirable facilité toutes les espèces qui y ont été importées. Le cheval et le mouton s’y améliorent; les arbustes d’Europe s’y développent dans les jardins des colons à côté des productions tropicales. Les céréales de la Victoria ont été admirées à l’exposition universelle de 1862; la vigne y donne des produits délicats qui ont déjà une réputation. Le tabac et le coton réussissent comme s’ils étaient indigènes. Tous les essais de culture nouvelle ont dépassé les espérances de ceux qui les entreprenaient. Il n’est aucune région du globe où la science un peu vaine de l’acclimatation ait produit d’aussi beaux résultats.

Pourquoi l’homme n’aurait-il pas sa part dans l’amélioration incontestable que les plantes et les animaux éprouvent lorsqu’ils sont transportés sur le continent austral ? On a cru remarquer que le corps humain y supporte plus vaillamment la fatigue et la chaleur que dans les contrées de l’ancien monde. De longs voyages à cheval sont entrepris même par des femmes délicates; la température de 35 à 40 degrés centigrades que l’on éprouve par certains jours où souffle le vent du nord n’y interrompt pas les travaux extérieurs. Il ne paraît y avoir nulle part de ces cantons malsains que l’on rencontre partout ailleurs, et la région tropicale ne semble pas sujette aux maladies endémiques qui déciment d’habitude la race blanche dans les régions voisines de l’équateur. Ces régions sont encore, il est vrai, peu connues; mais les colons de la Terre-de-la-Reine s’en rapprochent à grands pas, et d’ailleurs les essais de colonisation qui ont été tentés, il y a quinze ou vingt ans, sur la côte septentrionale, n’ont pas prouvé que le pays fût insalubre. La grande ville de Melbourne, bâtie en un jour et dépourvue pendant longtemps des puissans moyens d’assainissement que réclame toute