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CÉSAR ET CICÉRON


I.

CICÉRON ET LE CAMP DE CÉSAR DANS LES GAULES.


Cicéron ne se trompait pas lorsqu’il disait un jour à César : « Après nous, il y aura de grands débats sur votre compte, comme il y en a eu parmi nous-mêmes. » Il est certain que c’est le personnage de l’histoire sur lequel on discute encore avec le plus d’acharnement. Aucun n’a excité plus de sympathies ni soulevé plus de colères, et il faut reconnaître qu’il semble y avoir en lui de quoi justifier les unes et les autres. On ne peut ni l’admirer ni le blâmer sans quelques réserves, et il attire toujours de quelque côté ceux qu’il repousse d’un autre. Les gens même qui le détestent le plus et qui ne peuvent pas lui pardonner la révolution politique qu’il a accomplie, lorsqu’ils viennent à songer à ses victoires ou quand ils lisent ses écrits, se sentent saisis pour lui d’une complaisance secrète.

Plus ce personnage est complexe et discuté, plus il importe, pour se faire de lui une idée juste, d’interroger ceux qui ont pu le connaître. Quoique Cicéron ait été presque toute sa vie séparé de César par des dissentimens graves, deux fois il eut l’occasion d’entretenir avec lui des relations intimes : pendant la guerre des Gaules, il fut son allié politique et son correspondant assidu ; après Pharsale, il redevint son ami et se fit l’intermédiaire entre le vainqueur et ceux qu’il avait condamnés à l’exil. Cherchons ce qu’il