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une de ces pierres venait à tomber aux pieds d’un physicien préparé à l’examiner séance tenante, elle lui révélerait un autre mystère. Nous savons que la température diminue à mesure qu’on s’éloigne du sol, et qu’elle doit être très basse dans les espaces célestes ; mais nous ignorons absolument jusqu’à quel degré thermométrique elle s’abaisse. Les aérolithes pourraient nous l’apprendre. Il y en a qui sont presque entièrement composées de fer, celles-là conduisent bien la chaleur, et le réchauffement énorme qui en a fondu la surface ayant la possibilité de se propager à l’intérieur, ils arrivent à la terre comme des boulets rougis ; on ne peut rien en conclure. Il n’en est pas de même pour les aérolithes terreux, qui transmettent lentement la chaleur à travers leur masse ; leur surface extérieure seule s’échauffe pendant la durée très courte de leur trajet à travers l’atmosphère, et le froid qu’elles conservent à leur centre revient peu à peu vers la surface après la chute. On a remarqué en effet que des pierres tombées récemment au Pendjab gelaient les mains des personnes qui voulaient les relever. Or c’est cette température du centre des grosses masses météoriques qu’il faudrait pouvoir mesurer, car c’est celle des espaces interplanétaires où elles ont voyagé avant d’arriver sur le sol. Celui qui aura le bonheur de faire cette découverte aura apporté à l’astronomie physique un des résultats qu’il lui importe le plus de connaître.

Je viens d’exposer les travaux que la science sérieuse avoue ; me per-mettra-t-on d’indiquer d’un mot les fantaisies que le public protège et que les savans repoussent ? On a fait aux étoiles filantes l’honneur d’affirmer qu’elles président aux changemens de temps, ou au moins qu’elles, les font prévoir ; c’est à elles qu’on essaie d’en appeler en dernier ressort après avoir inutilement invoqué tous les astres du ciel, planètes, lune et comètes. Consultée, l’Académie a répondu que cette influence n’est point démontrée, — réponse polie. — D’un autre côté, les astronomes autorisés, MM. Heis et Secchi, dont la compétence ne peut être niée, affirment qu’une pareille indication donnée par les corpuscules célestes est absolument controuvée. Le public fera donc bien de se mettre en garde contre des prédictions sans précision, aussi souvent infirmées que justifiées par l’événement. Cette réserve faite, tout le monde encourage M. Coulvier-Gravier à persévérer dans l’étude qu’il a commencée des étoiles filantes, et même à publier ses observations, car il se pourrait bien qu’une discussion scientifique en fît sortir des conséquences sérieuses, qu’elles contiennent probablement et qu’il n’a pas su y découvrir.


J. JAMIM.