Page:Revue des Deux Mondes - 1864 - tome 52.djvu/359

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ruisseau de ce nom par trois malfaiteurs exilés dans le sertão (désert) de la province de Minas, et qui obtinrent aussitôt leur grâce. Il pesait sept octaves d’once. On dit que le roi dora João VI le fit percer afin de pouvoir le porter à son cou les jours de cérémonie. Le second est tout récent, et plusieurs de nos lecteurs l’ont sans doute vu figurer, sous le nom d’étoile du sud, à l’exposition universelle de 1855. Il fut trouvé en 1853 dans les sables de Bagagen par une pauvre négresse, et pesait avant la taille 254 karats et demi. On peut dire que les diamans du Brésil sont moins gros et d’une eau moins belle que ceux de l’Inde. Ils ont généralement une teinte jaunâtre ; comme d’un autre côté la surface en est toujours dépolie par le frottement et par les actions chimiques des autres matières contenues dans le cascalhao, il est assez facile de les contrefaire. Les nègres qui se livrent à cette opération se servent ordinairement de la topaze blanche, assez commune dans le pays, qu’ils roussissent au feu, ou quelquefois même d’un morceau de verre qu’ils usent pour imiter les facettes du diamant, et qu’ils secouent ensuite parmi des grains de plomb pour lui donner le dépoli. Plus d’un contrebandier novice s’est laissé prendre à cette contrefaçon. Les voyageurs qui voudraient étudier les diverses variétés de cette pierre ne peuvent mieux faire que de visiter la magnifique collection qui se trouve dans le musée de Rio-Janeiro ; ils en verront de toutes les nuances, de brunes, de jaunes, de sales et même de noires. Quelques-unes ont été arrondies à la surface par le frottement des cailloux de quartz dans les ruisseaux qui les charriaient.

Le diamant n’est pas le seul objet de bijouterie que fournit le Brésil ; on peut dire qu’il n’est peut-être pas une seule pierre précieuse qu’on ne rencontre dans cet immense pays. Les topazes et les améthystes sont entre autres très communes et quelquefois fort grosses et fort belles. Le roi dom João VI reçut un jour une aigue-marine estimée cent mille francs. Il suffit d’un peu d’attention, quand on se promène sur les rochers granitiques qui bordent les ruisseaux et les rivières, pour apercevoir des traces confuses, mais reconnaissables, de quelque pierre de prix. Les impressions grenatifères entre autres y semblent très communes. Cette abondance et cette variété, exagérées à la fois par les indigènes et les voyageurs, deviennent souvent une cause d’amères déceptions pour les malheureux étrangers. Interrogez tout Français qui a pénétré dans l’intérieur ; il ne manquera pas de vous dire, pour peu que vous lui inspiriez quelque confiance, qu’il a trouvé sur sa route de la poudre d’or et des brillans. Inutile d’ajouter que cette poudre n’est autre chose que du sable micacé, comme en charrient tous les ruisseaux qui descendent des terrains granitiques, et que les diamans sont des morceaux de quartz. Un colon allemand, homme très sensé du