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Or voici le tableau de ces contrées et des latitudes correspondantes :

NOMS DES CONTREES AURIFERES.


Latitudes nord Latitudes sud Latitudes nord Latitudes sud
Brésil 4° « « 34° Zanguebar 5° « « 10°
Chili « 25-44 Mozambique « 10-25
Colombie 12 « « 6° Guinée « 15° «
Mexique 16-32° « Soudan 6-22 «
Californie 32-47 « Sénégambie 11-17 «
Pérou 3 « « 23 Sahara 15-33 «
Australie « 11-39 Tripoli 27-33 «
Bornéo 7 » « 4 Kordofan 10-15 «
Sumatra 5 « « 5 Nubie 10-25 «
Indoustan 7-35 « Abyssinie 12-15 «
Indo-Chine 1-27 » Darfour 10-16 «
Sumbawa » 8-9

On voit par ce tableau que les gisemens aurifères peuvent atteindre et même dépasser quelquefois le 40e parallèle nord et sud. Les alluvions de l’Altaï arrivent jusqu’au 50e degré, celles du Frazer-River et de l’Oregon jusqu’au 55e, celles de l’Oural jusqu’au 60e. Cette excessive largeur de la zone aurifère, loin de contredire nos conclusions, s’explique de la manière la plus simple. Pour que les molécules d’or pussent obéir librement aux sollicitations de la force centrifuge, il eût fallu qu’elles fussent libres. Or il n’en a point été ainsi ; l’or a aussi sa gangue, et pour des raisons que l’on ne connaît pas encore, cette gangue est le quartz, matière beaucoup plus légère que l’or. C’est cette coexistence du quartz avec l’or qui fait qu’on trouve quelquefois ce dernier métal assez loin des tropiques, témoin les sables de l’Oural ; mais ici encore la loi générale se trouve confirmée, car ces alluvions ouraliennes sont d’une pauvreté extrême, quand on les compare aux mines du Mexique ou du Pérou, qui donneraient des quantités immenses de métaux précieux, si le manque d’eau et de combustible n’empêchaient l’exploitation.

On trouve une autre raison de l’étendue de la zone aurifère dans les attractions que la lune et le soleil exercent sur les molécules liquides du centre du globe, et dont les marées de l’Océan ne sont pour ainsi dire que la continuation. Ces marées intérieures tendent à porter les matières pesantes à la surface, et comme elles agissent principalement dans l’écliptique ou dans des plans très rapprochés de cette ligne, il en résulte que les zones voisines des tropiques doivent être les plus privilégiées en métaux précieux. En effet, il est bien établi que les mines les plus renommées du Mexique, celles dont la richesse est telle qu’on peut les considérer comme inépuisables, se