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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 août 1864.

Nous pensions avoir dit notre dernier mot sur la triste aventure du Danemark et sur l’attitude que la France a gardée dans les transactions qui ont abouti au dénoûment que l’on sait. C’est le comble de l’inutilité que de se répandre en paroles à propos de l’irréparable. Puis, lorsque le rideau est tombé sur une pièce politique dont la représentation maussade a trop longtemps duré, il y a un véritable repos d’esprit à la bannir, pendant quelque temps du moins, de sa mémoire. L’ingrat spectacle auquel on a été contraint d’assister aura sans doute plus tard certaines conséquences. Soit, laissons le temps faire son œuvre. Pour Dieu ! qu’on nous laisse porter ailleurs nos pensées ! Nous comptions profiter de ce répit et ne plus prononcer de longtemps le nom malheureux du Danemark ; mais les appréciations que nous avons exposées touchant la conclusion de l’affaire danoise ont, à notre grande surprise, donné lieu, dans la presse officieuse, à des observations si incohérentes, si confuses et si mal établies sur les documens et sur les choses, que force nous est de braver encore une fois, mais en courant, le ridicule et l’ennui d’une redite au sujet d’un fait accompli.

Un rapprochement avait frappé tout le monde : au moment même où le Danemark succombait à l’agression de la Prusse et de l’Autriche, a éclaté la révélation de la triple alliance des cours du Nord. On avait en même temps remarqué une autre coïncidence. La presse officieuse avait fait un bruit énorme du rétablissement de la coalition du Nord, et en avait pris prétexte pour célébrer avec une verve imprévue l’utilité et le prestige de l’alliance de la France et de l’Angleterre. Ces manifestations singulières amenaient une question bien simple et bien naturelle : on n’avait donc pas prévu, au début et pendant le cours de l’affaire danoise, le rétablissement de l’alliance du Nord, et si on l’avait prévu, si on avait pressenti que le contre-poids moral qu’il fallait opposer à la coalition du Nord était l’alliance