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SOUVENIRS
DE LA
MONARCHIE PARLEMENTAIRE

Au moment d’interroger l’histoire de la monarchie constitutionnelle et parlementaire de 1830, il est nécessaire, avant tout, d’examiner quelle était sa situation, quelles étaient les forces dont elle pouvait disposer à son origine même[1].

La royauté nouvelle n’était pas née, il faut le dire, sous l’heureuse étoile de ces gouvernemens enfantés par les excès de la démagogie, comme celui de Napoléon Ier, ou seulement par la terreur de l’anarchie, comme celui de Napoléon III, qui ont pour première et presque pour unique mission de donner la sécurité aux personnes, aux fortunes, au travail, aux grands intérêts de la société menacée jusque dans ses conditions les plus essentielles et les plus sacrées. Tout est facile alors, surtout quand ces pouvoirs nouveaux ne succèdent pas à la ruine de toutes les forces gouvernementales et légales, ainsi qu’en 1798 ; mais quand, ainsi qu’en 1852, ils n’ont qu’à renouer

  1. Ces souvenirs sont extraits d’un livre que M. le comte de Montalivet va publier à la librairie de Michel Lévy sous le titre de Rien ! dix-huit années de gouvernement parlementaire. L’ancien ministre, l’ancien ami du roi Louis-Philippe, retenu loin de la vie active par de cruelles souffrances, supportées avec une grande énergie et une rare résignation, s’est ému d’une accusation portée au sein du corps législatif (peut-être dans la chaleur de l’improvisation) par une voix trop considérable cependant pour qu’il ait cru pouvoir la laisser sans réponse. C’est à ce mot de rien que le livre de M. de Montalivet devra le jour, et on verra que le ministre de la monarchie parlementaire répond au ministre de la monarchie impériale avec une modération et une convenance dignes de la cause qu’il a voulu défendre.