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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




31 mai 1864.

La session de la chambre des députés est terminée. Telle qu’elle a été, avec ses grands débats de l’adresse au début, sa somnolence au milieu, et vers la fin sa discussion précipitée du budget, cette session a formé un épisode important de notre vie publique.

La session de 1864 a eu cela de remarquable qu’elle a été la première phase de la carrière d’une chambre nouvelle, et que cette chambre a été aussi la première qui soit sortie de l’élection depuis la promulgation du décret du 24 novembre 1860, Dans notre chronologie constitutionnelle, la session qui vient de finir est le lendemain du jour qui a fourni sa date au décret. Dans le développement de notre vie politique, on peut la considérer comme la véritable épreuve pratique du régime institué par cet acte de l’initiative impériale. Nous ne trouvons pas qu’il y ait lieu en ce moment d’être enfiévré d’optimisme et de s’abandonner à une satisfaction jubilante. Cependant nous pensons et nous n’hésitons point à dire que personne n’a trop à se plaindre de l’expérience qui vient de s’accomplir. La France, par l’organe et dans le spectacle de la discussion parlementaire, s’est en quelque sorte remise à la politique. Elle est revenue à sa tradition sans véhémence, sans emportement, mais avec un goût manifeste. Elle a été flattée d’entendre la parole de ses grands orateurs, qui est peut-être, n’en déplaise à M. le duc de Persigny, la plus solide de ses gloires actuelles; elle a été touchée de voir ses libertés plus souvent et plus vigoureusement défendues; elle a été éclairée par des débats financiers qui lui ont montré l’influence que la direction de la politique exerce sur les intérêts de sa richesse et de son travail; elle a pu apprendre qu’elle n’est ni aussi incapable ni aussi indigne de gérer ses affaires et d’exercer le self-government que de bizarres flatteurs de sa paresse se sont pendant douze années efforcés de l’en convaincre. Les esprits indépendans et persévérans appelés à