Page:Revue des Deux Mondes - 1864 - tome 51.djvu/642

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
MAURICE DE SAXE

II.
MAURICE DUC DE COURLANDE.


I.

Nous avons raconté les singulières aventures qui se rattachent au mariage et au divorce de Maurice de Saxe avec Johanna-Victoria de Loeben[1]. Quelques mois avant le dénoûment de ce drame, le comte était venu à Paris pour y sonder le terrain et offrir ses services au régent. Les archives de Dresde nous procurent ici l’occasion de rectifier une des erreurs qui abondent dans les biographies du maréchal de Saxe. Si Maurice, à vingt-quatre ans, s’est décidé à chercher fortune en France, c’est qu’il y a été poussé, selon les uns, par les persécutions jalouses de sa femme, selon les autres, par l’hostilité du comte de Flemming; tous affirment que le roi de Pologne s’était opposé à ce projet. Or nous voyons au contraire dans les lettres récemment publiées que l’idée d’ouvrir cette carrière à Maurice appartient à Frédéric-Auguste. Le 27 avril 1720, un des conseillers du roi écrivait de la part de son maître au général de Flemming : « Le roi m’a chargé de demander à votre excellence si elle n’approuvait pas que le comte Maurice de Saxe tâchât de s’engager dans le service de la France, où il pourrait apprendre le métier de guerre, au lieu que chez nous, qui n’avons pas de guerre et qui ne souhaitons pas d’en avoir, il n’apprendrait jamais rien. » Flemming répondit : « La pensée qui est venue au roi touchant M. le comte Maurice est très bonne et juste, pourvu qu’il s’y applique, car comme

  1. Voyez la Revue du 1er mai.