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ment anglais ne consentirait à laisser la Belgique devenir une dépendance de la France. Dans la situation que la république occupait alors en Europe et au milieu de l’éclat de ses victoires, de pareilles conditions étaient inacceptables. Aussi l’ambassadeur anglais fut-il invité à prendre ses passeports et à partir sans délai. Les craintes d’invasion ne firent alors qu’augmenter. Le 3 pour 100 tomba à 50. Le cours du change sur les lingots d’or et d’argent monta à des prix jusqu’alors inconnus. Le numéraire, déjà fort diminué par suite de prêts, subsides et autres dépenses faites à l’étranger, se resserra de plus en plus. Chacun voulut retirer des banques locales les sommes qu’il y avait déposées, et celles-ci, pour la plupart en compte courant avec la Banque d’Angleterre, durent recourir à elle pour obtenir les moyens de satisfaire à leurs engagemens. Il y eut alors une crise financière des plus graves, dont Pitt conjura les désastres avec autant d’habileté que de résolution, et c’est ici le cas de dire quelques mots de l’organisation de la Banque d’Angleterre et de ses rapports avec le gouvernement.

Cet établissement a été fondé en vertu d’une charte du 27 juillet 1694 pour une durée de 11 années, prorogée ensuite jusqu’au 1er août 1710. Son capital, fixé à 1,200,000 livres, dut être remis à titre de prêt au gouvernement, qui s’engagea à lui en payer 8 pour 100 d’intérêt et à le lui rembourser à l’expiration de son privilège. En 1709, ce privilège fut renouvelé et prolongé jusqu’au 1er avril 1732; mais en sus des 1,200,000 livres prêtées au trésor en 1694 elle dut lui faire sans intérêt une seconde avance de 400,000 livres, et s’engager, moyennant un intérêt de 6 pour 100, à rembourser et à éteindre tous les billets de l’échiquier alors en circulation, montant à une valeur de 1,775,029 liv., ce qui constituait l’état débiteur de la banque d’une somme de 3,375,000 liv. sterl. Les charges qui étaient imposées à cet établissement exigeaient nécessairement une augmentation de son capital, et il fut porté à 4,402,343 livres sterling. En 1713, pour prix du concours qu’elle prêta au gouvernement dans une émission considérable de bons de l’échiquier, son privilège fut prorogé jusqu’au 1er août 1742, et l’année suivante, le trésor ayant un emprunt de 910,000 livres à contracter, au lieu de recevoir lui-même les souscriptions, comme cela avait toujours eu lieu précédemment, s’en déchargea sur la banque, à laquelle il donna une prime pour la payer de ses frais. Depuis lors, c’est dans ses bureaux que tous les emprunts ont été souscrits.

En 1717, la banque consentit, moyennant un intérêt de 5 pour 100, à rembourser 2 millions de billets de l’échiquier, et sa créance sur le trésor s’éleva ainsi à la somme de 5,375,000 liv. sterl. La