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billets, et il fut convenu que chacun d’eux recevrait à son choix, à raison de 57 livres qui lui seraient dues, un titre de rente 3 pour 100, à raison de 72 livres un titre de rente 4 pour 100, et pour 85 livres un titre de rente 5 pour 100, c’est-à-dire que la consolidation fut faite dans le premier fonds au taux de 5,30, dans le second à celui de 5 1/2, dans le troisième à celui de 5,90, et que pour un capital réalisé de 13,028,823 livres, celui de la dette publique fut augmenté de 24,616,459 liv. sterl.

Sans doute ces conditions étaient onéreuses; mais aussi, le marché se trouvant dégagé de toutes ces valeurs dépréciées, le trésor put négocier plus aisément et plus avantageusement les titres nouveaux qu’il eut à émettre, et une masse considérable de capitaux rendue disponible vint en aide au commerce et à l’industrie. Une autre mesure contribua aussi à prévenir pour les obligations de la marine le retour d’une dépréciation semblable à celle qu’elles venaient de subir. Précédemment les fournitures et approvisionnemens de ce département étaient livrés contre des billets payables à des époques indéterminées: l’escompte s’en accroissait chaque année et finissait par devenir fort onéreux. Déjà en 1794, voulant remédier à ces inconvéniens, Pitt avait fait décider que tous les effets de cette nature seraient acquittés à quinze mois de date, et le taux de l’escompte avait immédiatement diminué; mais soit à cause du grand nombre de ces effets, soit plutôt parce que l’époque du paiement était encore trop éloignée, il était remonté en 1796 à 14 et 15 pour 100. Le ministre pensa qu’il fallait rapprocher le terme de l’échéance, et sur sa proposition le parlement adopta un bill par lequel il fut fixé à quatre-vingt-dix jours. Le résultat espéré fut complètement atteint. Les billets, étant acquittés avec une régularité scrupuleuse, furent considérés comme argent comptant : ils gagnèrent même en 1798 1/8 pour 100, et depuis ne perdirent jamais au-delà d’un quart pour 100.

Enfin, pour prévenir des mécomptes regrettables dans les dépenses de la marine, on les évalua d’après une base nouvelle. Sous Guillaume III, elles avaient été fixées en bloc, non compris celles afférentes aux constructions et réparations maritimes à 4 liv. sterl. par mois à raison de chaque homme, et depuis lors, malgré l’augmentation du prix de toutes choses, ce taux n’avait pas été changé. Aussi les crédits alloués se trouvaient chaque année insuffisans. Pour rentrer dans la vérité des faits, le chiffre fut porté à 7 livres par homme, et les dépenses de l’année 1798 n’atteignirent pas les crédits votés d’après cette base.

Cependant les passions révolutionnaires s’étaient calmées en France, la convention n’existait plus, et une nouvelle forme de