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dustriels dont les demandes seraient trouvées fondées. Le parlement s’empressa d’adhérer à cette proposition et désigna lui-même les commissaires chargés de faire les prêts. Ce vote seul suffit pour dissiper bien des inquiétudes, et le nombre total des demandes de secours ne fut que de 332 pour une somme de 3,855,624 liv. ster.; 238 furent accueillies jusqu’à concurrence de 2,202,600 liv. ster.; 45 furent retirées et 49 rejetées. La totalité des avances fut restituée, une partie considérable avant l’époque fixée pour le remboursement, et le surplus aux échéances déterminées. Deux des emprunteurs seulement firent faillite, mais se trouvèrent plus tard en état de se libérer. Ainsi furent prévenus de grands malheurs, et l’opération ne coûta aucuns frais. La différence entre l’intérêt de 5 pour 100 payé par les emprunteurs et celui des billets de l’échiquier, pour lequel l’état ne donnait que 2 deniers 1/2 par jour, suffit à toutes les dépenses de la commission, et laissa même un profit de 4,000 livres sterling qui fut versé au trésor public.

Les premiers mois de 1793 furent pour les armées françaises une suite de revers. Dumouriez, battu à Nerwinde, dut évacuer la Belgique, et les Autrichiens entrèrent sur le territoire français, où ils occupèrent Condé, Valenciennes et Le Quesnoy. De leur côté, les flottes anglaises s’emparèrent de Terre-Neuve, de Tabago, de Pondichéry, de tous les comptoirs français au Bengale et sur la côte de Malabar, et de la ville ainsi que du port de Toulon; mais après la journée du 31 mai, sous l’impulsion violente du comité de salut public, des levées en masse furent faites en France et dirigées vers la frontière. En Flandre, le duc d’York, à la tête d’une armée anglaise et hanovrienne, fut battu par le général Houchard et obligé de lever le siège de Dunkerque; le prince de Cobourg fut défait à Wattignies par Jourdan, et les Autrichiens furent rejetés par Hoche au-delà du Rhin. L’amiral Sidney Smith dut également évacuer Toulon; mais en partant il y brûla l’arsenal, les magasins, dix-sept vaisseaux de ligne, plusieurs frégates, et emmena le reste, portant ainsi un coup fatal à la puissance maritime de la France.

C’est sous l’impression de ces nouvelles que fut ouverte le 21 janvier 1794 la session du parlement. Le roi y déclara qu’il regrettait l’obligation où se trouvait l’Angleterre de continuer les hostilités, mais qu’il méconnaîtrait les vrais intérêts du pays, s’il se laissait aller à faire la paix sur des bases qui ne garantiraient pas suffisamment l’indépendance de l’Europe. En effet, le régime pratiqué en France, et que la convention voulait propager à l’extérieur par les agressions les plus injustes, ne tendait qu’à la destruction des propriétés, au renversement des lois et de la religion, et il n’y aurait pas de sécurité possible pour les autres nations aussi longtemps