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et dégager celle de l’avenir, constatons qu’au mois d’août 1793 la dette à terme était diminuée d’une somme de 4,200, 000 liv. st. portée à la dette fondée par suite de la consolidation en fonds 3 pour 100 d’une créance de pareille somme duc depuis longtemps par l’état à la compagnie des Indes, qui lui en avait fait successivement l’avance lors des divers renouvellemens de son privilège.

Les événemens dont la France était le théâtre, ses conquêtes et la déclaration de guerre faite par la convention à la Hollande, à l’Espagne, à l’Angleterre, avaient causé dans ce dernier pays une animation générale. Pitt ne fit donc que satisfaire à un sentiment presque unanime en préparant avec autant d’activité que d’énergie les moyens propres à répondre efficacement au défi qui venait d’être jeté. L’armée de terre fut augmentée de 27,000 hommes, le nombre des marins embarqués à bord des bâtimens de l’état fut porté à 47,000, et des troupes hanovriennes et hessoises furent prises à la solde de l’Angleterre. De plus un subside de 200,000 livres sterling fut donné à la Sardaigne pour la mettre en état de tenir sur pied une armée de 50,000 hommes, et des traités d’alliance offensive et défensive furent conclus avec la Russie, l’Autriche, la Toscane, Naples, l’Espagne et le Portugal. Les revenus ordinaires ne pouvant couvrir l’excédant de dépenses que devait entraîner cet ensemble de mesures, le parlement, sur la proposition de Pitt, vota un emprunt de A, 500,000 livres sterling, et affecta au paiement des intérêts le produit des taxes temporaires établies en 1790 à l’occasion des armemens faits contre l’Espagne.

Tous les dangers cependant n’étaient pas au dehors, et on était menacé au dedans d’une crise industrielle et commerciale qui pouvait amener les complications les plus fâcheuses. Pendant les neuf années de paix prospère qui venaient de s’écouler, les banques s’étaient multipliées à l’infini, la plupart sans bases solides, et toutes, dans l’espoir d’augmenter rapidement leurs bénéfices, avaient étendu sans mesure l’émission de leurs bank-notes. Nombre d’entre elles croulèrent au premier souffle de la tempête, et il en résulta une véritable panique. Les capitaux se cachèrent, et les maisons les plus solides dans l’industrie et le commerce ne pouvaient, par la vente ou l’engagement des marchandises qui remplissaient leurs magasins, se procurer les fonds qui leur étaient nécessaires. Des ateliers importans allaient se fermer, laissant des masses d’ouvriers sans travail, des maisons respectables étaient sur le point de manquer à leurs signatures et d’en entraîner d’autres dans leur désastre, lorsque Pitt proposa au parlement d’autoriser l’émission de billets de l’échiquier pour une somme de 5 millions de livres sterl., destinés à être distribués en prêts aux négocians, banquiers ou in-