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quelles l’instruction est donnée gratuitement à tous les degrés et fréquentées par 12,666 élèves des deux sexes. En outre le gouvernement envoie chaque année un certain nombre de jeunes gens aux universités de Paris, Vienne, Heidelberg, etc.[1]. Les écoles sont placées sous la surveillance d’une commission, ou conseil supérieur, formée de douze membres. A côté de cette commission, la Société littéraire serbe (Droujtvo slovenesti serbske), instituée en 1841, sous les auspices du prince Michel, « en vue du perfectionnement de la langue et de la diffusion des lumières au sein de la nation, » s’est assigné un but plus général et non moins patriotique. Association savante, mais avant tout politique, le Droujtvo slovenesti ne se borne pas à insérer chaque année dans ses mémoires (Glasnik), — publication excellente, trop peu connue en Europe, — d’importans travaux sur l’histoire, les antiquités, la philologie, la statistique nationales, faits pour plaire aux érudits et aux lettrés; il recherche activement tout ce qui peut contribuer à l’instruction et à l’éducation des masses, et s’occupe en ce moment même de rassembler les matériaux d’une Encyclopédie populaire. Presque toutes les notabilités politiques et littéraires de la Serbie font partie de cette société. J’ai connu à Belgrade quelques-uns de ces hommes qui honorent leur pays par leurs lumières autant que par leur patriotisme. Les uns, comme M. Marinovitch, M. Philippe Cristitch, M. Zukitch, M. Nicolas Cristitch, ministre de l’intérieur, M. Tchernobaratz, sénateur, docteur en droit de la faculté de Paris, MM. Ristitch et Magasinovitch, chargés d’affaires de la principauté à Constantinople et à Bucharest, occupent de hautes fonctions dans le gouvernement ou l’administration ; les autres sont des dignitaires de l’église, des professeurs émérites ou de purs savans, comme l’évêque de Chabatz, Mgr Gabriel, le révérend Sava, archimandrite, supérieur du monastère de Gorniak, M. Constantin Brankovitch, recteur du lycée, MM. Stamirovitch et Panchitch, professeurs, M. Matitch, M. Vladimir Jakchitch, M. Nénadovitch, M. Jean Chafarik, conservateur du musée et de la bibliothèque de Belgrade, neveu et émule de l’illustre historien et philologue tchèque Joseph Chafarik.

On ne pourrait toutefois, sans s’écarter du plan de cette étude, retracer en détail le mouvement intellectuel de la principauté serbe. Ce qui importe ici, c’est de montrer avec quelle sympathique atten-

  1. Presque tous les hommes placés aujourd’hui à la tête des affaires en Serbie, le président actuel du sénat, M. Marinovitch, M. Philippe Cristitch, sénateur, ancien ministre des affaires étrangères, M. Miloïé Lechianine, envoyé en mission à Paris à la suite du bombardement de Belgrade, ont fait ou complété leurs études en France. Les deux fils de M. Garachanine, après avoir été élevés à Sainte-Barbe, ont été admis à suivre comme externes les cours de l’École polytechnique.