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LE
PAYS SERBE
ET
LA PRINCIPAUTE DE SERBIE
SOUVENIRS DE VOYAGE.

I. Servia and the Servians, the Christians in Turkey, par le révérend William Denton, Londres 1862-1863. — II. La Serbie après le bombardement de Belgrade, etc., par un Serbe, Paris 1832. — III. The Serbian nation and the eastern question, par Wladimir Yovanovitch, Londres 1863. — IV. The Debate on Turkey in the house of commons, Londres 1863.

Le voyageur qui a parcouru la Turquie avant la guerre de Crimée et qui la revoit aujourd’hui est frappé d’un mouvement de plus en plus sensible parmi les populations qui l’habitent. Il est certain que les Osmanlis désertent les campagnes et les plaines ouvertes. Il ne faut plus guère les chercher que dans le triangle compris entre la Mer-Noire et le delta du Danube, ou aux abords des grandes villes et derrière l’enceinte des forteresses. En revanche, les populations chrétiennes ne cessent de s’accroître et de prospérer : telle bourgade qui, vers 1850, ne renfermait presque exclusivement que des musulmans, est devenue aux trois quarts chrétienne; tel village, où les chrétiens étaient déjà en majorité, n’a plus un Turc aujourd’hui. Partout les demeures des Osmanlis, mal construites, plus mal entretenues encore, contrastent par leur aspect misérable avec les maisons propres, commodes, bien approvisionnées, élégantes parfois, des raïas. Quant aux propriétaires fonciers turcs, il n’en reste qu’un petit nombre; — presque tous ont vendu leurs terres à des Francs et à des chrétiens. Ce n’est donc pas seulement la population, c’est aussi la richesse qui se déplace; les raïas sont en train