Page:Revue des Deux Mondes - 1864 - tome 51.djvu/425

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avaient éclaté aux cris de liberté! fraternité ! plus de roi ! plus d’excise! En Écosse, à Dundee, Perth et Aberdeen, il y avait eu des mouvemens d’un caractère plus grave encore, et l’on avait cru y reconnaître l’effet de menées jacobines et aussi celui de menées jacobites dirigées par d’anciens partisans de la maison des Stuarts. Presque en même temps la convention nationale réclamait l’ouverture de la Meuse et de l’Escaut, et plusieurs bâtimens de guerre français remontaient ce dernier fleuve jusqu’à Anvers, malgré les protestations du capitaine de vaisseau hollandais stationné à son embouchure. Les deux rives de l’Escaut jusqu’à une certaine hauteur appartenaient en effet à la Hollande, et elle prétendait avoir seule le droit de naviguer dans cette partie du fleuve. Ce privilège, depuis 1648, lui avait été reconnu par plusieurs traités, et la France elle-même le lui avait garanti en 1785. De son côté, l’Angleterre était tenue vis-à-vis de la Hollande de venir à son secours, si elle était attaquée. Il y avait donc des motifs nombreux et sérieux pour une prompte convocation du parlement, et on le réunit le 13 octobre. Le roi, dans son discours d’ouverture, lui exposa qu’une partie de la nation avait été appelée sous les armes pour réprimer les désordres intérieurs, que son gouvernement s’était imposé la règle rigoureuse de ne pas s’immiscer dans les affaires intérieures de la France, mais que cependant il fallait se prémunir contre des entreprises possibles et se mettre en mesure de secourir un état allié qui, malgré son désir de rester neutre et contrairement à la foi des traités, était menacé d’une attaque prochaine. En conséquence, il fut décidé que le personnel de la marine serait porté de 16,000 à 25,000 hommes, que celui de l’armée de terre serait pour 1793 de 17,344 hommes, et le parlement vota à une immense majorité deux bills ayant pour objet de prohiber l’exportation du blé ainsi que celle des armes et munitions de guerre. Cependant la France devenait de plus en plus pressante au sujet de l’Escaut, et le ministre des affaires étrangères Lebrun chargea le 8 janvier le marquis de Chauvelin de faire connaître à lord Grenville la résolution prise par le gouvernement français d’obtenir de gré ou de force l’ouverture de ce fleuve. Peu de jours après, les troupes françaises reçurent l’ordre d’envahir la Hollande, et le ministre Monge, après avoir annoncé par une proclamation publiée dans tous les ports une prochaine descente en Angleterre, ordonna l’équipement de 30 nouveaux vaisseaux de ligne. On apprit en même temps à Londres l’exécution de Louis XVI, et immédiatement avis fut donné à M. de Chauvelin d’avoir à quitter l’Angleterre dans un délai de huit jours. Des lettres de rappel lui étaient aussi envoyées de France, et de part et d’autre la rupture paraissait inévitable et prochaine. Le 28 janvier, le roi adressa un message à la