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plus sincère et plus parfaite de cette constitution, dont les véritables principes ont été fixés et établis par les événemens mémorables de 1688? Ce sont là les grandes et les premières causes qui ont déterminé le développement de toutes celles que nous avons énumérées. C’est aussi l’union de la liberté avec la loi qui, en élevant une barrière également puissante contre les empiétemens du pouvoir et la violence des commotions populaires, assure à la propriété la sécurité dont elle a besoin, vient en aide aux efforts du génie et du travail, fortifie le crédit, lui permet de s’étendre, favorise la circulation et l’accroissement du capital. C’est elle enfin qui forme et élève le caractère national, donne l’impulsion à la grande masse de cette société dans les directions et combinaisons diverses où elle se trouve engagée. A la même source il faut également faire remonter l’industrie laborieuse de la classe si utile des cultivateurs et fermiers, l’habileté et le travail de l’ouvrier, les expériences et améliorations agricoles faites par le propriétaire, les spéculations hardies du riche marchand, les essais hardis du manufacturier entreprenant, et tous en retirent à la fois leur encouragement et leur récompense. Veillons donc sur ce bien essentiel, le premier de tous, conservons-le précieusement, et tous les autres seront à nous. Souvenons-nous que l’amour de la constitution, bien qu’il existe dans tous les cœurs anglais comme une sorte d’instinct naturel, y est cependant fortifié par la raison et la réflexion, et chaque jour confirmé par l’expérience, que nous n’admirons pas seulement notre constitution par un sentiment de respect traditionnel, que nous n’en sommes pas seulement fiers par préjugé ou habitude, mais que nous la chérissons et apprécions parce qu’elle assure le bien-être et la tranquillité des personnes aussi bien que de la nation, et que, mieux que toute autre forme de gouvernement, elle ouvre la voie vers ces fins utiles et pratiques, seul but sensé et raisonnable vers lequel doivent tendre toutes les sociétés politiques...

« Permettez-moi donc de me féliciter, de féliciter la chambre et le pays de cette situation et de cette perspective, heureuses au-delà de mes plus vives espérances. Permettez-moi aussi, avant de finir, de vous exprimer un vœu ardent, une prière fervente et pleine de sollicitude : qu’au milieu de la période de succès où nous nous trouvons, dans l’intérêt du présent et de l’avenir, le parlement ne cesse jamais de porter sur toutes les matières qui concernent le revenu, les ressources et le crédit de l’état, cette même attention vigilante qui nous a dirigés à travers toutes nos difficultés et nous a conduits à cette rapide et prodigieuse prospérité. Puisse le pays marcher toujours d’accord avec la législature! puissent aussi l’esprit, le génie, la loyauté et les vertus publiques de ce peuple grand et libre lui mériter et assurer pour longtemps, avec la faveur de la Providence, la durée de ce bien-être sans exemple! Puisse enfin la Grande-Bretagne rester pendant des siècles en possession de ces avantages essentiels sous la protection et la sauvegarde d’une constitution à laquelle elle en est surtout redevable, et qui est incontestablement la source et la meilleure garantie de tous les biens qui peuvent être chers et précieux à une nation! »


C’est aux institutions dont jouit l’Angleterre, c’est au concours qu’il avait trouvé dans le parlement et le pays que Pitt devait le