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WILLIAM PITT
PREMIER LORD DE LA TRESORERIE.

I.
LES FINANCES DE LA PAIX.

Ce que j’ambitionne, c’est la considération et non le pouvoir, disait un jour Pitt à Canning, — my ambition is character not office, — et la plupart des hommes d’état anglais pourraient à bon droit répéter ces belles paroles, parce que la considération s’attache plus en Angleterre à la fidélité aux principes qu’à l’exercice de l’autorité. Dans l’opposition comme au pouvoir, leur situation est également grande : s’ils aspirent au gouvernement, c’est moins pour l’éclat du rang ou le crédit qu’il leur donne que pour le triomphe de leur opinion et de leur parti, et le jour où, pour l’obtenir ou le conserver, ils dévieraient de leur ligne politique, immédiatement s’éloignerait d’eux l’autorité morale qui fait leur force et leur honneur. Nul parti ne pouvant prétendre à gouverner sans l’assentiment de l’opinion, les hommes politiques cherchent à l’éclairer dans des débats dont le véritable caractère est trop respecté pour que jamais on ait cherché à leur infliger la dénomination de guerre de portefeuille : chacun y rivalise de patriotisme, de talent, d’éloquence, et de ces luttes sont sortis les Chatham, les Burke, les Fox, les Pitt, les Peel, c’est-à-dire les plus nobles gloires dont puisse s’enorgueillir un pays libre et intelligent.

Parmi ces hommes illustres, nul n’a exercé sur les destinées de son pays une influence plus considérable que Pitt. Lorsqu’il entra