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ÉTUDES FORESTIERES

LES FORÊTS DE LA CORSE.

De tous les départemens français, la Corse est celui qui a provoqué le plus de rapports officiels et d’études diverses, et il est peut-être le moins connu. Deux causes expliquent notre ignorance au sujet de la Corse : d’abord bien peu de ces documens ont été livrés à la publicité, et le nombre des voyageurs qui visitent l’ile est très restreint. Ce n’est pas d’ailleurs à de simples touristes qu’on peut demander des notions complètes sur un tel pays. Le parcours de l’intérieur est trop difficile et trop fatigant, le comfortable, une fois qu’on est sorti des villes, y fait trop absolument défaut pour qu’on puisse rien espérer de ceux qui ne voyagent que pour leur plaisir. C’est déjà beaucoup, à leurs yeux, de ne pas reculer devant une traversée de vingt-quatre heures pour voir une île qui, en somme, n’a rien de fort attrayant. Quant à y séjourner, ils n’y pensent même pas. Le plus souvent ils se contentent de débarquer à Ajaccio et de faire en diligence le trajet de cette ville à Bastia, où ils se rembarquent pour Livourne. Ils ont ainsi traversé la Corse en écharpe, d’un rivage à l’autre, surpris quelques traits de mœurs dans les villages situés sur la route, recueilli quelques renseignemens dans les auberges; c’en est assez pour avoir une idée du relief topographique, conserver dans un coin de leur mémoire un paysage qui les aura frappés, et emporter de cette course rapide une certaine impression vague où la peine tient autant de place que le plaisir.

Il en est cependant quelques-uns qui prennent les choses plus au sérieux, et qui, habitués à scruter les causes et les effets, tien-