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de vérifier les comptes ne s’élèvent guère au-dessus de 670 livres sterling par an. Les travaux de ces derniers consistent d’une part à recevoir l’argent versé par les souscripteurs, de l’autre à payer les dépenses qu’entraînent l’établissement et l’entretien des divers moyens de sauvetage. L’administration se trouve ainsi perpétuellement en rapport avec les comités de province, elle est un lien entre le centre et les succursales, elle contrôle leurs mouvemens sans les gêner en rien, de façon à établir l’unité dans la liberté. Le rayon où s’exerce la surveillance de l’administration est très étendu, puisqu’il embrasse l’Angleterre, l’Écosse et l’Irlande; mais un système ingénieux de correspondance simplifie de beaucoup les opérations des bureaux. Ces derniers envoient à toutes les stations de life-boat des feuilles volantes et imprimées contenant une série de questions relatives soit à l’état du matériel, soit au paiement des hommes de l’équipage, soit aux manœuvres des canots dans les jours de tempête; ces feuilles reviennent chargées de réponses, et servent ainsi de base aux travaux du secrétariat. L’administration a en outre sous ses ordres un inspecteur, homme de grande expérience et possédant des connaissances très étendues, le capitaine J. R. Ward, chargé de visiter sur les côtes les différentes branches du système de sauvetage. A l’aide de tous ces élémens rassemblés, le secrétaire présente tous les ans au comité, réuni dans London Tavern, un rapport général constatant la situation pécuniaire de la société, les services rendus, les récompenses décernées. Ce rapport reçoit par la voie des journaux la plus grande publicité. L’administration des life-boats est, selon l’expression d’un Anglais, un tronc de verre dans lequel l’œil éclairé de la charité peut suivre la marche du denier de la veuve et juger ainsi de la manière dont il se convertit en œuvres utiles.

Sur le total des recettes s’élevant, on l’a vu, à 21,101 liv. sterl. 6 sh. 3 d., la société a dépensé en 1863 16,672 liv. sterl. 6 sh. 8 d. C’est peu quand on considère ce que coûte à l’état une flotte de guerre. La flotte pacifique des life-boats a bien aussi ses victoires : c’est lorsque la tempête éclate, lorsque le tonnerre gronde, lorsque la nuit et le vent s’étendent sur la mer, qu’elle s’élance pleine d’ardeur au combat. Après les victoires remportées sur l’ennemi dans les champs de bataille, on compte les morts; après les victoires des life-boats sur les fureurs de l’abîme, on compte les vivans. Non contente de sauver par elle-même les naufragés, l’institution s’occupe encore depuis quelque temps de généraliser les moyens de secours. Usant pour cela de son influence sur la marine marchande, elle l’invite à remplacer les pesans canots de sauvetage attachés aux navires, et qui ne sauvent jamais rien, par de véritables life--