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LES CONFESSIONS
DU PÈRE LACORDAIRE

I. Correspondance du révérend père Lacordaire avec madame Swetchine, publiées par M. de Falloux; 1 vol. in-8o. 1864. — II. Lettres du révérend père Lacordaire à des jeunes gens, publiées par M. l’abbé Perreyve; 1 vol. in-8o, 1863. — III. Le révérend père Lacordaire, par M. de Montalembert, etc.

A mesure que le siècle vieillit, les hommes qui ont vécu de sa vie s’en vont avec les années. L’arbre se dépouille de ses premières et vigoureuses feuilles. Les générations passent, et les règnes d’idées comme les règnes de dynasties se succèdent. Le combattant de la veille retombant sur ses armes brisées se voit enlevé aux luttes qu’il aimait, et va se reposer dans la mort. Ceux qui restent debout s’arrêtent quelquefois étonnés de n’être plus les jeunes, les vaillans et les hardis, et voient déjà grandir après eux une autre jeunesse agitée de nouvelles ardeurs, marchant à un but encore indistinct. Le monde ne s’arrête pas, mais il change, et au milieu même de cette évolution qui s’accomplit, on n’a qu’à tourner son regard un peu en arrière pour voir se relever par degrés à l’horizon tout ce passé d’hier, ce mouvement d’idées, de doctrines, de passions ardentes, de polémiques intellectuelles et religieuses, qui a ses épisodes et ses personnifications, qui se dessine déjà comme un spectacle de l’histoire.

Qui ne se souvient, — et ici ce n’est pas notre génération qui peut se souvenir, ce sont ceux de ce temps qui le racontent pour l’avoir vu, — qui ne se souvient de ce groupe de quelques jeunes