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taille de Fredericksburg, on ne cite pas d’exemple d’un combat pendant lequel un seul blessé soit resté plus de deux heures sans secours sur le champ de bataille; dans l’île Morris, lors de la première attaque infructueuse du fort Wagner, on a même vu les infirmiers de la commission se mêler aux colonnes d’assaut pour relever les corps à mesure qu’ils tombaient. Ce sont là certainement des résultats de la plus haute importance, dont les comités de dames qui soutiennent l’œuvre de leur travail peuvent en grande partie s’attribuer l’honneur. Ce sont les fonds envoyés par ces groupes épars qui ont permis à la commission de préposer des inspecteurs sanitaires à la surveillance de tous les camps; ce sont des brochures payées par le labeur des femmes américaines que l’on distribue avec profusion dans l’armée pour éclairer les soldats sur toutes les maladies qui peuvent les atteindre, et les médecins sur tous les moyens de guérison dont ils disposent; c’est le torrent non interrompu des dons patriotiques qui remplit les hôpitaux et les ambulances; enfin c’est la sollicitude constante du public, incessamment manifestée par les agens de la commission, qui pousse les officiers médicaux de l’armée à s’occuper sans relâche de la santé des hommes qui leur sont confiés. Certes les humbles fileuses qui se réunissent le soir pour travailler en s’entretenant des exploits de leurs fils aident bien plus qu’elles ne le croient à maintenir l’action efficace des troupes. L’œuvre d’amélioration sanitaire s’étant toujours appliquée depuis deux ans à plus d’un demi-million de soldats, on peut dire sans exagération que l’initiative des femmes américaines a racheté de la mort un nombre de malades et de blessés assez considérable pour constituer une véritable armée.

Quand le volontaire est libéré du service ou congédié temporairement, la commission de santé ne cesse point pour cela de s’occuper de lui : au contraire elle saisit le moment où le gouvernement récuse sa responsabilité à l’égard du soldat pour en assumer elle-même une d’autant plus grande. A Washington, à Baltimore, à Cincinnati, à Nashville, à Memphis, à la Nouvelle-Orléans et dans chacune des villes importantes où passent incessamment de nombreux volontaires, la commission sanitaire a fait construire de vastes caravansérails désignés par le doux nom de homes. Là, les conscrits qui vont rejoindre le drapeau, les vétérans qui reviennent de l’armée, les mères et les autres parens qui accourent au-devant des leurs, les infirmiers fatigués qui demandent au repos le rétablissement de leur santé, sont accueillis à toute heure et traités aux frais de la commission sanitaire. Chaque jour, ces demeures donnent asile à 2,300 soldats en moyenne, ainsi qu’à plusieurs centaines d’autres personnes; depuis l’époque de leur fondation jusqu’à la fin de l’an-